Les dernières élections québécoises se sont avérées à la fois victoire et échec pour le Parti québécois, qui forme maintenant le gouvernement, mais sera incapable de mettre en oeuvre un référendum sur la souveraineté. En effet, les situations de gouvernement minoritaire contrecarrent normalement les projets indépendantistes puisque les partis préférant le statu quo n'acceptent généralement pas d'appuyer une consultation populaire qui pourrait mener à la sécession.

C'est le cas au Québec et c'est aussi le cas en Écosse où le Scottish National Party (SNP) est le seul parti indépendantiste d'importance dans un système qui comprend trois forces unionistes, soit les travaillistes, les libéraux-démocrates et les conservateurs.

À la renaissance de leur Parlement en 1999, les Écossais ont choisi de ne pas adopter le système majoritaire utilisé pour les élections britanniques (et canadiennes), mais plutôt d'y aller avec un mode de scrutin mixte qui rendait probable la formation de gouvernements minoritaires ou de coalition. La première victoire du SNP en 2007, après huit ans de gouverne travailliste, avait d'ailleurs mené à un gouvernement minoritaire. En 2011, à la surprise de tous, le SNP a gagné une majorité de sièges, ce qui lui a permis de former un gouvernement majoritaire.

Considérant qu'il est improbable que cette situation se reproduise fréquemment, le chef du SNP, Alex Salmond, a mis en branle un processus menant à l'organisation d'une consultation populaire sur l'avenir politique de l'Écosse.

Un problème important pour M. Salmond est que l'appui qui a porté son parti au pouvoir en 2011 ne se reflète pas dans l'opinion publique au sujet de l'indépendance. Il s'agit là d'une réalité qui frappe aussi le PQ.

La grande victoire du SNP était en partie le résultat d'un mécontentement important envers les travaillistes, force politique qui a historiquement dominé l'Écosse. Les nombreux sondages d'opinion qui déferlent sur l'Écosse depuis la formation du gouvernement majoritaire du SNP montrent que l'appui à l'indépendance se situe entre 30% et 40% et ne suggèrent pas de tendance à la hausse.

À la recherche d'alternatives à une question sur l'indépendance, le SNP jongle avec deux idées. La première est de poser une question à choix multiples où les Écossais devraient choisir entre le statu quo, une grande décentralisation de pouvoirs (devo max) ou l'indépendance. Lorsque les sondeurs posent cette question, une pluralité d'écossais choisit l'option de la grande décentralisation de pouvoirs.

Pour le SNP, cette stratégie d'une question à choix multiples présente assez peu de risque (l'option du statu quo aurait peu de chance de l'emporter), mais aussi assez peu de chance de déboucher sur l'indépendance (car cette dernière option ne serait vraisemblablement pas choisie par une pluralité d'Écossais).

Contrairement à virtuellement n'importe quel chef du PQ, Alex Salmond a, au sein de son parti, les coudées franches pour organiser un référendum qui ne porterait pas strictement sur l'indépendance. Bien sûr, un gain de l'option de la plus grande décentralisation des pouvoirs serait présenté par M. Salmond comme un grand pas vers l'indépendance.

La deuxième idée examinée par le SNP est de tenir deux votes, un premier sur la question sur l'indépendance et un deuxième sur une plus grande décentralisation des pouvoirs. Le SNP voudrait ainsi s'assurer que si les  Écossais rejettent l'indépendance, ils opteraient au moins pour une plus grande décentralisation.

Le premier ministre britannique David Cameron s'oppose à toute formule autre qu'une question sur l'indépendance. Il semble par contre ouvert à la demande de M. Salmond que le référendum ait lieu le 18 octobre 2014 et que le droit de vote pour cette occasion soit étendu aux Écossais de 16 et 17 ans.

À la différence du Canada, au Royaume-Uni, le gouvernement du pays est la seule instance constitutionnellement autorisée à tenir un référendum. Les paramètres de la consultation populaire sont donc négociés. Les ministres des gouvernements écossais et britannique se sont rencontrés à l'été et une rencontre entre Alex Salmond et David Cameron est prévue bientôt.