Pour un Québécois, la langue anglaise ne doit pas seulement être une langue seconde, elle doit être une langue essentielle, que nous devons connaître et maîtriser si nous voulons participer à l'activité économique de notre continent. Car il ne faut jamais oublier que nous ne sommes qu'une minorité en Amérique du Nord et que nous le demeurerons.

Durant ma jeunesse, j'étais un nationaliste péquiste, fier de sa langue, de sa culture et de son histoire. En 1985, à l'âge de 18 ans, j'étais délégué de circonscription du Parti québécois au Centre des congrès de Montréal, où j'ai vu par deux fois 495 délégués (les orthodoxes qu'on les a surnommés) quitter la salle, attristés, certains pleurant leur idéal déchu, par le beau risque de René Lévesque. J'ai vu cela, et l'image est restée figée dans ma mémoire. La même année, je me suis expatrié pour un an à Victoria, en Colombie-Britannique, pour tenter d'apprendre la langue anglaise que je ne maîtrisais aucunement, bien qu'ayant réussi facilement les examens du ministère de l'Éducation. À mon retour, je parlais encore bien mal l'anglais, et cela aura été un des plus grands handicaps de ma vie.

Toutefois, quand nous avons eu nos deux filles, je me suis juré qu'elles ne seraient pas confinées à notre prison linguistique. Non, jamais! Nous leur avons payé la pré-maternelle ainsi que la maternelle en anglais, nous les avons envoyées tous les ans dans des camps d'été au New Hampshire, parce que nous voulions qu'elles soient libres! Si nous n'avions pas eu l'argent qu'il fallait, nos enfants n'auraient jamais eu les ailes qui leur permettront un jour de passer au-dessus de notre barrière linguistique.

Ma naïveté de jeunesse m'a joué des tours, car je sais maintenant qu'on peut haïr les Anglais qui nous ont défaits sur les plaines d'Abraham, mais on ne peut détester l'anglais qui nous permet de communiquer. Aujourd'hui, la langue anglaise est la langue qu'on doit connaître si l'on veut sortir un tant soit peu de nos frontières.