Pauline Marois aura finalement gagné son pari et elle sera la première femme à diriger le Québec depuis 1867. Dans cette perspective, il est vrai que l'élection d'hier est historique. Pourtant, après trois mandats consécutifs pour le PLQ, les différents scandales et l'usure du pouvoir, le PQ aurait normalement dû remporter cette élection sans trop de difficulté. Mais, en bout de piste, Pauline Marois n'aura pas réussi à convaincre les Québécois de lui donner une majorité, prouvant du même souffle que cette courte victoire a plutôt des allures de défaite.

Si la chef du PQ n'a pas réussi à atteindre la majorité, c'est d'abord parce qu'elle a mené une campagne plutôt terne, parsemée d'erreurs stratégiques qui ont semé le doute chez les électeurs. Pensons, entre autres, à sa tergiversation sur la question de l'amiante, à sa difficulté à expliquer sa charte de la laïcité ou encore à l'arrivée trop tardive d'un cadre financier pourtant crédible.

Dans une campagne où le PQ devait montrer qu'il était une alternative crédible aux libéraux, Mme Marois aura plutôt laissé l'impression d'une chef qui a de la difficulté à affirmer son leadership et qui contrôle mal son message. Dans les débats télévisés, elle a eu de la difficulté à suivre le rythme de ses adversaires, alors que c'est François Legault qui était vu comme le candidat le moins charismatique. Pire encore, elle a démontré moins de passion et d'enthousiasme à défendre la souveraineté que Françoise David, démontrant ainsi toute la difficulté d'être la chef d'un parti qui n'a toujours pas réussi à réaliser son projet de société plus de 40 ans après la fondation du PQ.

La grande surprise de cette élection demeure la solidité du vote libéral qui réussit à faire mentir les principales maisons de sondage. En effet, encore une fois, le vote libéral a été largement sous-estimé et Jean Charest peut sans doute parler d'une défaite honorable dans les circonstances difficiles de cette campagne électorale, malgré sa défaite dans la circonscription de Sherbrooke.

Avec seulement 1% de moins au suffrage universel, le PLQ prouve qu'il sera un acteur central dans ce parlement minoritaire où l'on pourra sans doute assister à de drôles d'alliances stratégiques. Le premier ministre sortant aura cependant été rattrapé tout au long de ces élections par le bilan de son gouvernement et s'il n'a pas fait une mauvaise campagne, il n'aura jamais été en mesure d'imposer son agenda politique, courant ainsi à sa perte.

Avec un tel résultat on se demande maintenant comment Pauline Marois, qui a déjà dû affronter plusieurs frondes, pourra contrôler un parti gouvernemental minoritaire où la question nationale sera au second plan. Car sans la majorité, Pauline Marois perd l'initiative sur la question nationale et ne peut déclencher de référendum sans l'accord bien improbable d'une CAQ de plus en plus fédéraliste. Par ailleurs, comment le PQ réussira-t-il à remplir ses principales promesses électorales avec en face de lui deux partis plus à droite?

En ces circonstances, il sera difficile, voire impossible pour Pauline Marois de maintenir le gel des tarifs de garderie ou celui des droits de scolarité.Bref, la nouvelle législature qui s'amorce laisse les Québécois dans l'expectative... de nouvelles élections!