«Je ne sais vraiment pas pour qui voter. Franchement, Jean Charest n'a rien à faire au gouvernement. Je suis fédéraliste, alors je ne voterai pas pour le PQ. Quant à François Legault, bof, il ne m'enthousiasme pas trop...»

Cher fédéraliste, quelles que soient nos positions respectives sur la souveraineté, je me mets à votre place et comprends tout à fait votre dilemme. Cependant, j'ai comme un tic nerveux lors de votre discours... Écoutez un peu ce que je vous propose, je vous prie, car il me semble que cela a du sens.

Attention, je m'apprête cependant à lancer une énormité: et si, même fédéraliste, vous votiez PQ? Non, non, je ne veux surtout pas dire que Pauline Marois est incapable de mener la bataille indépendantiste! Mais avant d'aller plus loin, laissez-moi vous poser une question: vous croyez en la démocratie, n'est-ce pas? C'est bien ce que je croyais. Aussi, vous êtes d'accord avec moi qu'ultimement, la condition sine qua non à la souveraineté est son acceptation en référendum, non? Et que seul le jour où une majorité de Québécois la souhaitera qu'elle passera. Croyant en la démocratie, j'imagine que vous accepteriez alors la décision populaire? Avec dépit, oui, mais nous ne sommes pas là de toute manière, le climat social ambiant étant très défavorable, pour le moment du moins, à un référendum.

Autrement dit, au moment où on se parle, si les chances que le Québec devienne indépendant dans les prochaines années sont quasi nulles, qu'importe qui est à la tête du gouvernement, non?

Ce qui nous amène aux élections actuelles. Bien des commentateurs n'ont cessé de répéter que les élections 2012 ne devaient surtout pas être un référendum sur la question étudiante: ce n'est pas non plus un référendum sur l'enjeu de la souveraineté! Puisque seul le jour où une majorité de Québécois voudront la souveraineté verra celle-ci se réaliser, quel risque y a-t-il à voter PQ? Dites, cher fédéraliste, avez-vous pris la peine de consulter le programme du Parti québécois? Non? Évidemment, vous l'excluiez d'emblée. Pourtant, il comporte une foule de mesures - certaines très intéressantes - sur des questions bien plus diverses que la souveraineté.

Non, non, je ne fais pas la promotion du PQ, je n'ai jamais dit que j'appuyais toutes leurs positions ni que c'était le meilleur parti. Mais je trouve simplement bien dommage d'exclure d'emblée une option, qui, si on l'explore un peu, pourrait peut-être plaire - ou du moins déplaire que les autres.

Et si le PQ juge que le «moment opportun» pour un référendum a lieu lors de son premier mandat, eh bien, vous pourrez alors vous exprimer sur cette unique question, différente de celle de savoir qui a les meilleures compétences de premier ministre. Quiconque croit à la démocratie devrait alors accepter le verdict, peu importe sa nature.

Cher ami fédéraliste, ne vous faites pas souffrir inutilement en supprimant des options potentielles, le choix est déjà suffisamment difficile! Mais ne nous méprenons pas: les chances qu'une personne soit en accord avec la totalité des positions d'un parti sont quasi nulles. On ne peut qu'opter pour celui duquel on se rapproche le plus.

Quand à vous, cher ami souverainiste, le conseil s'applique tout autant à vous! Avez-vous pris la peine d'explorer le programme de la CAQ?