Les Jeux olympiques de Londres ont pris fin. Pour les Britanniques, ça marque la fin d'une trêve qui leur a permis de vibrer au rythme des exploits de leurs athlètes et d'oublier, le temps de quelques semaines, les difficultés que traverse, depuis plus d'un an, l'économie de leur pays. Une économie considérée comme un modèle il n'y a pas si longtemps.

Pourtant, la coalition des conservateurs et libéraux démocrates, dirigée par le premier ministre David Cameron, représentait une lueur d'espoir à son arrivée au pouvoir en mai 2010. Elle allait, d'une part, mettre de l'ordre dans les finances publiques et, d'autre part, relancer l'emploi et la croissance économique, anémiques jusque-là.

Deux ans après, les résultats sont pour le moins décevants. Les finances publiques demeurent sous haute tension avec un déficit budgétaire supérieur à 8% du PIB et le pays s'enfonce davantage dans la récession : le PIB enregistrant un recul pour un troisième trimestre d'affilée : -0,7% (-0,3% et -0,4% pour les deux premiers). Les optimistes pourront toujours expliquer cette dégradation par le jour férié supplémentaire accordé pour le jubilé de la reine ou encore par le mauvais temps qui aurait ralenti le secteur de la construction. Mais les réalistes y voient plutôt des malaises plus profonds dont souffrait l'économie britannique même avant cet été.

Le plus significatif de ces malaises serait le programme d'austérité mis de l'avant par le gouvernement Cameron : coupes budgétaires, réduction des effectifs, hausses de taxes, toutes des mesures qui ont eu des impacts majeurs sur l'emploi dans le secteur public ainsi que sur la consommation privée. Le FMI n'a d'ailleurs pas manqué l'occasion de le souligner dans un rapport publié au mois de juillet dernier, où il exhorte le gouvernement de M. Cameron à assouplir son programme d'austérité, à encourager des investissements publics et à déployer davantage ses instruments de politique monétaire.

Pour sa part, le secteur de l'exportation souffre de la crise dans la zone euro, destination de choix pour les produits britanniques : environ 50% de l'ensemble des exportations sont destinées aux pays de cette zone. Enfin, le chômage demeure élevé à environ 8% (chez les jeunes : 21%) et même s'il a reculé cet été, il ne faut pas se leurrer : les emplois créés sont pour la plupart liés à la présentation des Jeux olympiques et ils disparaîtront maintenant que ceux-ci sont terminés.

Dans les circonstances, la décision de l'agence de notation Standard & Poor's de maintenir la note de crédit triple A pour le Royaume-Uni avec une perspective stable représente pour M. Cameron un cadeau inattendu. M. Cameron et son équipe doivent en profiter pour trouver des solutions aux difficultés économiques du pays, et ce, de toute urgence.

Parce que si les progrès tardent à se matérialiser, qui sait combien de temps encore durera ce sursis?