Sans identité, l'économie ne donne aucun sens à nos vies

Sans identité, l'économie ne donne aucun sens à nos vies

Dans nos familles, lorsque nous prenons des décisions, nous ne pensons pas strictement en fonction d'un budget. Nous achetons d'après nos goûts et notre culture. L'identité est intrinsèquement liée à nos besoins. Elle crée notre économie familiale. Peu importe nos origines, nos achats sont culturels, même s'ils sont parfois limités.

Qu'est-ce qui précède: l'identité ou l'économie?

Quand nous savons qui nous sommes, nous connaissons nos besoins. Ce que nous bâtissons a des racines. L'énergie du coeur déployée est la force motrice de nos ressources financières. L'argent comme moteur premier, voire suprême de vie bonne, ne donne aucun sens à nos vies. Quand nous ne savons pas qui nous sommes, nous ne savons pas de quoi nous avons besoin: même riches, notre vie semble vide. Alors d'autres nous injectent leurs besoins pour nourrir leurs profits.

Les politiciens qui ne parlent que d'économie croient qu'on peut gérer les peuples comme on gère le blé, sans émotion ni passion. Cette vision sans dimension de la politique fragilise les souverainetés et la richesse qu'elles produisent, car elle n'a pas de lien avec l'identité profonde des peuples, leur esprit.

Et c'est bien ce désastre auquel nous assistons depuis quelques années: une économie sans visage dont les risques sont soutenus par les contribuables, mais dont les profits sont versés aux entreprises privées. On fait confiance aux gouvernements qui nous proposent ce choix, l'économie, comme s'il n'y avait qu'une manière de s'enrichir: être à la solde des puissants. On fait peur aux gens pour qu'ils adhèrent rapidement à ce projet de société qui n'est en fait qu'une stratégie marketing pour multinationales.

En réalité, les partis qui présentent un programme donnant priorité à l'économie contournent la question identitaire, complexifiée par l'immigration et la mondialisation. Or un gouvernement qui choisit de ne parler que d'économie finit par ne plus servir le peuple. Même si une bonne partie de la population n'a cure de l'identité québécoise, force nous sera de constater que notre survie économique en dépend, sans quoi nos ressources seront dilapidées par des entreprises sans nom propre qui agiront en fonction de leurs besoins (s'enrichir) et non en fonction des nôtres (avoir une qualité de vie autonome).

À ce titre, le rôle le plus important du politique est la défense de l'identité, l'esprit, le rayonnement du peuple. Il faut se connaître pour savoir ce que nous voulons gérer. Aujourd'hui le peuple québécois est perdu entre son passé national et un présent mondialisé. En dépit des circonstances, l'identité québécoise demeure encore forte.

Sylvie Bergeron a écrit l'ouvrage Le rayonnement du Québec.



Insouciance linguistique


Sur nombre de plans, le gouvernement Charest ne mérite pas la réputation de monstre que ses adversaires se sont plu à lui inventer ces derniers mois. Mais il est un point essentiel pour lequel sa réélection ne semble pas souhaitable, celui de son insouciance linguistique. Un séjour dans l'opposition pourrait peut-être ranimer chez lui quelque sensibilité nationale et lui enseigner une certaine réserve à l'endroit de la dominante de sa base électorale. On sait que celle-ci n'est francisante que du bout de lèvres et complice de tout ce qui assure la suprématie de l'anglais. Contre tout un parti, rendons à César ce qui lui appartient. Oui, le Plan Nord est en soi une grande chose, l'une de celles qui haussent le Québec au niveau des nations qui comptent. Il y a évidemment d'autres moyens de le concevoir et de le mettre en oeuvre que de vendre nos ressources au rabais pour subvenir à des dépenses à courte vue! Une entente aussi importante que celle portant sur la création d'un gouvernement régional à la Baie-James aurait dû être exposée et examinée en commission parlementaire. Au lieu de quoi, nous apprenons la chose au moment où elle se signe. Et cette entente contient des clauses désastreuses pour l'avenir du français, contraires à la loi 101 et au voeu et à l'effort entier du Québec depuis 1976. L'expérience nous apprend que lorsqu'on autorise l'usage d'une autre langue que le français «pour la fonctionnalité de la chose» - il s'agit bien sûr de l'anglais -, la place de cette dernière deviendra en peu de temps majoritaire. Le prochain gouvernement devra rouvrir cette entente pour la rendre conforme à la loi 101. Les Cris, prétendant être une nation, n'ont aucun droit à l'anglais ni à celui de jouer sur deux tableaux. De plus, est-il prudent d'accorder des droits à des nations qui n'ont pas fait la preuve d'une acceptation élémentaire de la nature et du caractère français du Québec?

Hubert Larocque, Gatineau



Mon vote contre une chirurgie


Mon chien n'a aucune allégeance politique. S'il a mal, il entre dans sa clinique, on le voit dans les minutes qui suivent, on l'appelle par son nom Charly, on l'examine et on me rassure que tout se replacera, sinon n'hésitez pas à revenir. C'est vrai qu'il est pas mal plus adorable que moi! À mon tour, je vais à l'hôpital avec ma douleur, on trouve en moi une masse de la grosseur d'une orange. On me parle de chirurgie, mais je dois demeurer patiente, je le sais. Le spécialiste me parle d'une date et je me présente au bloc opératoire. J'attends mon tour dans ma belle jaquette, seule dans mon coin. Enfin, j'entends mon nom pour me dire que la chirurgie est remise! Je retourne chez moi avec mon mal et mes inquiétudes et j'attendrai que les «dieux» de la médecine pigent mon nom, pour le remettre à l'admission, dans un délai que j'espère raisonnable. Enfin, je reçois cet appel d'une dame à l'admission! Une dame au coeur tendre qui est à l'écoute de mes inquiétudes, car elle m'annonce que la chirurgie est remise dans au moins quatre semaines. Elle me laisse pleurer et m'écoute. À vous ma chère dame, merci de votre gentillesse. Il n'y a pas vraiment de réponse claire pour expliquer la remise de cette chirurgie. C'est vrai que ça fait juste quatre mois, il y en a des pires que moi. Je pense que j'aimerais bien consulter la vétérinaire de mon chien, elle est très souvent disponible. Sinon, il y a ces merveilleuses techniciennes accueillantes et rassurantes, et que dire de leurs sourires enjoués! Je jure que mon chien n'attendrait jamais quatre mois pour une chirurgie! Si j'ai la moindre question concernant sa santé, je peux toujours compter sur eux. Peut-être que je devrais échanger mon vote contre ma chirurgie! Est-ce qu'il y a un politicien ou un médecin à l'écoute?

Diane Badeau, Sherbrooke



Les jeunes, votre vote est important


Il faut voter pour être en mesure de choisir les dirigeants qui nous inspirent et avec lesquels nous avons des affinités politiques. Le vote exprime nos opinions sur les décisions politiques qui influenceront notre vie quotidienne. Le petit crochet sur le bulletin contribue au bon fonctionnement de notre fondement démocratique. Voter sert à protéger nos libertés et droits constitutionnels et doit être considéré comme un devoir et une responsabilité. De faibles taux de participation remettent en question la légitimité démocratique et encouragent le cynisme politique. Le vote est un moyen puissant d'envoyer un message aux gouvernements et aux politiciens. Plus il y a de votes, plus le message est puissant. Rappelez-vous cette égalité des voix dans la circonscription de Saint-Jean en 1994 ou dans celle de Champlain en 2003. Chaque vote compte et a son importance. Ce printemps, les manifestations se sont succédé à un rythme d'enfer. Des centaines de milliers de contribuables ont défilé dans les rues du Québec, dont les étudiants, pour dénoncer les politiques du gouvernement Charest, mais très peu d'entre eux se sont rendus aux urnes en 2008. Près de 60% des jeunes n'ont pas participé au choix du gouvernement. Six étudiants sur 10 n'ont pas voté. Six étudiants sur 10, c'est une majorité absolue. Dorénavant, les professeurs, à tous les niveaux académiques, devraient énoncer cette vérité à leurs élèves: lorsque les politiciens savent à l'avance que la plupart des jeunes ne votent pas, ils sont moins enclins à être réceptifs à leurs revendications. C'est exactement ce qu'a fait le gouvernement du Québec et plus spécialement le premier ministre Charest. Pourtant, M. Charest s'est autoproclamé le ministre de la Jeunesse du Québec. Cette fois-ci, reprenez-vous, précipitez-vous aux urnes et ne ratez pas l'occasion de vous faire entendre. Le DGE souhaite fortement que votre taux de participation dépasse les 80% et encore plus, mais les libéraux souhaitent que vous repreniez la rue pour camoufler, dans les médias, tous les scandales qui les affligent. Il y a 21 partis politiques au Québec. Votez pour le candidat qui devance ou talonne le candidat libéral si vous êtes insatisfait de ce gouvernement, comme près de 75% de la population. Enlevez à Jean Charest ce qu'il aime le plus: son job de PM. Je vous en serai reconnaissant.

Jacques Gagné, Mont-Saint-Grégoire