En conclusion d'un éditorial bien senti intitulé "Les destructeurs de famille", André Pratte écrit, le 11 juillet: "Le parent qui s'apprête à tuer ses enfants n'annonce pas son geste."

C'est faux, heureusement. On constate au contraire, comme dans le double meurtre commis à Warwick, que les pères dépressifs qui en viennent à tuer leurs enfants (et souvent leur ex-conjointe) multiplient souvent des signaux très clairs quant à leur décrochage - comme l'a montré le procès du Dr Guy Turcotte - et même parfois leurs intentions criminelles.

Il est à espérer que l'enquête du coroner Me Pierre Bélisle sur les meurtres de Karen et Lindsay Brillant-Marcoux soulignera qu'en plus d'annoncer la veille du drame sa volonté de "se faire justice soi-même" sur sa page Facebook, Jocelyn Marcoux avait même envoyé un message très clair à son ex-conjointe lui annonçant que son avocat, Me Fabien Jean, allait "ch... à terre" mardi matin, soit au lendemain du double meurtre.

Me Jean a témoigné à un autre quotidien que Marcoux venait également de refuser à ses enfants un weekend de visite prévu chez leur mère, privée de tout contact avec eux depuis trois semaines. Cet avocat a tenté d'amener la police de Warwick à intervenir, mais celle-ci a refusé de le faire, sous prétexte que Marcoux devait de toute façon comparaître en Cour ce matin-là.

Il me semble évident qu'un retrait d'urgence des enfants Brillant-Marcoux sur la base de ce signalement, fait par un juriste bien au fait du dossier,leur aurait sauvé la vie. Comme le déclarait le même jour Me Sylvie Schirm, habituée à de tels dossiers, "il faut absolument intervenir rapidement dans le dossier, dès les premiers signes que ça risque de déraper."

C'est ce qu'ont choisi de ne pas faire les policiers de Warwick ou les "amis" Facebook de l'assassin. Pour prévenir de nouveaux filicides, il est essentiel de ne pas nier l'existence de tels signaux et de leur accorder toute l'importance qu'ils méritent.