Après avoir attendu des années avant de déclencher la commission Charbonneau sur la collusion et la corruption dans la construction, après avoir laissé durer le conflit étudiant plusieurs mois, voici que le gouvernement Charest n'intervient pas pour destituer l'indigne maire de Mascouche, Richard Marcotte, que les citoyens de la municipalité ne peuvent plus endurer.

On peut dire que l'impatience des Québécois dans le dossier de la construction a fini par être récompensée. Après le rapport Duchesneau, la juge France Charbonneau a été choisie pour diriger la commission d'enquête. Ce que nous avons vu jusqu'ici des travaux de la commission suscite beaucoup d'espoirs.

Dans le conflit étudiant, le gouvernement a pris ses responsabilités. Les Québécois avaient démocratiquement accordé au gouvernement le mandat de défendre leurs intérêts et c'est ce que M. Charest a fait. Les électeurs auront le dernier mot, jugeront de sa gouvernance, de son programme et régleront le conflit avec les étudiants.

Pour ce qui est du maire Marcotte, présumé innocent avant son procès devant un juge, sa destitution a été exigée par des citoyens révoltés, convaincus de sa culpabilité. Beaucoup plus qu'une question de salaire à payer ou non au maire, il y a là une question de principe: qui doit décider de la destitution d'un maire, la justice ou la rue?

On constate, dans ces trois dossiers, la même lenteur à réagir de la part de M. Charest face à une opposition et à des médias aux abois. Notre premier ministre sera-t-il celui qui aura appris aux Québécois, réputés au Canada anglais réagir émotivement plus que rationnellement, à mettre un bémol à leurs émotions, à respirer par le nez, à laisser la police et la justice faire leur travail? On sait que les pires injustices ont été commises, que de faux coupables ont été condamnés quand la pression populaire était très forte pour trouver des responsables, et que les autorités voulaient calmer la tempête à tout prix.

On dit de Pauline Marois qu'elle est la «dame de béton». M. Charest serait-il fait d'acier, lui qui a encaissé tant de caricatures méchantes et qui a battu des records d'impopularité?

Le moins que nous puissions lui accorder, c'est de nous avoir appris à ne pas condamner avant le temps, même si l'opposition, les journaux, les journalistes et le bon peuple peuvent être tentés de le faire. Espérons que les étudiants qui ont boycotté leurs cours et ceux qui les ont appuyés, derrière la CLASSE qui prônait la désobéissance civile et nous l'a fait vivre, exerceront leur liberté de citoyen en se rendant aux urnes.