Comment se fait-il que personne ne se plaigne de la réduction des services de santé en été?

Au contraire, tout le monde a l'air de trouver normal que le personnel médical et paramédical profite des vacances scolaires pour s'absenter quelques jours ou quelques semaines et profiter de vacances estivales. Pourtant, ceux qui ont besoin de soins ne peuvent pas choisir, eux, d'être moins souffrants et de profiter de l'été en prenant congé de leurs maux.

Je m'explique en donnant quelques exemples. Ma soeur aurait actuellement besoin d'une consultation en ORL; elle devra rappeler, pas avant le mois d'août, pour pouvoir fixer un rendez-vous. Je me suis cassé une dent, début juin: à une clinique je devais attendre plus d'un mois avant de voir une dentiste et à l'autre j'attendrai à la mi-août pour me faire faire une couronne (mais ils ont quand même eu la compassion d'obturer cette dent temporairement).

Mon beau-fils, qui est né avec une fissure labiale et palatine bilatérale et a subi pendant toute sa jeunesse de multiples et excellentes interventions, n'a jamais été opéré l'été, période qui aurait pourtant été idéale pour qu'il puisse récupérer sans manquer l'école.

On m'a diagnostiqué au mois de mars, des calculs biliaires nécessitant une ablation de la vésicule, dans un délai normal de trois mois, me disait le chirurgien. Mais voilà, la fin de ce délai tombe mal: fin juin, début juillet. J'avais fini par obtenir un rendez-vous le 11 juillet. Mais après avoir attendu 2 heures, toute préparée et certaine d'être opérée, on me renvoie chez moi: l'intervention doit être reportée à une date non précisée car les urgences sont débordées et il y a beaucoup de médecins en vacance, me dit- on.

Je ne nie pas le droit aux vacances du personnel médical. Mais je dis qu'il est inacceptable que les soins médicaux soient ralentis en été.

Les service des policiers, des pompiers, des pompes funèbres, les fermiers, les pêcheurs, les grands magasins réduisent-ils leur personnel lorsqu'arrivent les vacances scolaires? Mon conjoint a une entreprise de piscines creusées; aucun de ses clients ne comprendrait qu'il retarde ses services parce qu'il est en vacances et lui-même a toujours accepté que sa période de repos soit prise en hiver.

Nous vivons dans une société où bien des gens s'arrogent toutes sortes de droits. Mais les devoirs, eux? Ceux qui s'engagent dans certains métiers et professions devraient savoir et accepter, au départ, qu'ils ne pourront pas toujours être en congé en même temps que la majorité. Avant, les professeurs étaient à peu près les seuls à jouir du privilège d'être en vacances en même temps que les écoliers. Aujourd'hui, beaucoup semblent croire qu'ils peuvent jouir du même privilège au détriment des malades, des gagne-petit, des sans-voix.

Nous avons vécu une crise sociale le printemps dernier en raison des revendications  d'une minorité qui ne voulait pas voir leurs droits de scolarité augmentés. Cette crise a été suspendue avec l'été: elle aussi est en vacances!

Mais qui se préoccupe en cette saison, de protester contre la diminution des services de santé? Qui défendra les individus isolés et affaiblis? Pourtant, tous dans cette société peuvent être touchés: des bébés aux vieillards, des mieux nantis aux plus pauvres car la maladie ne tient pas compte des saisons et ne prend jamais de vacances.