Au grand dam des experts et embarras des sondeurs, le Parti progressiste-conservateur a été réélu lundi soir en Alberta, prolongeant ainsi son remarquable règne de 41 années au pouvoir. Cette victoire de la première ministre Alison Redford n'a même pas été serrée, son parti l'emportant haut la main à travers la province.

Même si Redford a mené une campagne axée sur le changement, peu de changements sont à prévoir en Alberta. Sa victoire indique que les électeurs ont catégoriquement préféré le statu quo. Comme elle n'a pas besoin de se rapprocher des partisans du parti Wildrose Alliance, le tournant idéologique anticipé vers la droite ne devrait pas avoir lieu.

En outre, la première ministre a souligné avec la plus grande clarté qu'elle n'entendait pas resserrer le budget au détriment de dépenses consacrées aux soins de santé ou à l'éducation, ni hausser les impôts si les recettes de l'exploitation des ressources naturelles ne répondaient pas aux attentes. Le Parti progressiste-conservateur a fait campagne sur un ton plus progressiste que conservateur et il y a peu de chances qu'il choisisse de gouverner de la droite.

Par exemple, sur la question très controversée de la richesse issue des ressources naturelles, Redford a fermement rejeté le plan du Wildrose qui consistait à distribuer 20% des excédents futurs aux Albertains par le biais de chèques de dividendes. Selon elle, ces recettes excédentaires doivent rester entre les mains du gouvernement.

Si dans les mois à venir, la première ministre Redford consolide sa position électorale déjà dominante, elle risque de cibler davantage les électeurs de gauche que de droite.

L'élection de lundi pourrait cependant avoir un impact significatif et durable à l'extérieur de la province. Elle consolidera le leadership de l'Alberta sur la scène nationale alors que Redford s'imposera rapidement comme chef de file parmi les premiers ministres provinciaux. Elle est intelligente, «vite sur ses patins», bilingue et bénéficie d'une forte position économique et électorale.

Parmi les premiers ministres provinciaux, Redford sera la seule qui pourra jouer son rôle sur la scène nationale en toute quiétude. Aucune menace ne pèsera sur elle à l'intérieur de sa province.

La première ministre entend aussi jouer un rôle actif et constructif à l'échelle du pays. Comme Peter Lougheed, fondateur de la dynastie progressiste-conservateur, elle croit en une Alberta forte dans un Canada fort.

La décision de la première ministre de gouverner au centre droit plutôt qu'à droite signifie que l'Alberta ne sera plus considérée comme un cas particulier sur la scène politique nationale. En effet, avec Redford en Alberta et Stephen Harper à Ottawa, la province représente donc le nouveau «centre» canadien, dominé par les conservateurs. Redford et Harper formeront un formidable Team Alberta.

Enfin, il convient de noter que les Albertains ont élu, ou choisi, une gamme impressionnante de futurs sénateurs. Les trois hommes, tous progressistes-conservateurs, vont au fil du temps renforcer la voix de l'Alberta au Sénat. La province devrait ainsi exercer un leadership fort dans tout le spectre de l'échiquier politique national.

Aucun nuage à l'horizon pour cette province qui savoure pleinement son heure de gloire. Il ne lui manque donc qu'un aspirant à la Coupe Stanley, peut-être la seule chose que sa première ministre ne peut lui offrir.