M. Girard (NDLR: Daniel Girard), nous connaissons tous la réputation de l'Université Harvard, mais je suis surprise de constater qu'on ne vous y ait pas enseigné la rigueur.

Sur quelles bases êtes-vous en mesure de faire les affirmations suivantes: que «le diplôme de droit ou de sciences sociales ne génère souvent qu'un haussement d'épaules chez le recruteur» ou encore «que plusieurs étudiants sont frustrés d'avoir investi temps et argent dans leur diplôme pour finir chez Starbucks» ou encore que «la qualité des études de baccalauréat continue de décliner», que «les classes grossissent au détriment de l'encadrement individuel», que «les exigences des cours chutent», que l'on «compense l'étudiant avec l'inflation des notes». Toutes ces affirmations, vous les faites sans nuance aucune, et je dirais même sans fondement. Elles ne sont qu'une opinion, la vôtre, mais ne reflètent nullement mon expérience.

D'abord, je n'ai encore rencontré aucun de mes anciens étudiants chez Starbucks, si ce n'est comme client! Les classes de la faculté sont un peu plus nombreuses qu'il y a 30 ans, soit, mais c'est leur nombre qui a surtout augmenté. Inutile de préciser que je conteste fermement l'équation facile «augmentation des chargés de cours = diminution de la qualité de l'enseignement». Surtout, je suis choquée par ceux qui souhaitent réduire le nombre des diplômes de ceux qui les suivent, une fois qu'ils ont obtenu le leur!

J'encourage mes étudiants à se surpasser, car j'estime que c'est d'abord à ce prix qu'on réussit et même si je suis consciente de l'excellence qu'ils doivent atteindre pour accéder aux postes convoités, je les encourage à poursuivre dans les carrières du droit, car elles offrent des opportunités qu'aucune autre profession ne peut offrir. Quoique le Barreau accueille environ 900 nouveaux avocats chaque année, la rémunération annuelle moyenne des avocats de tous âges est de 101 660$ (en 2009) comme salariés ou travailleurs autonomes . C'est loin du salaire minimum de chez Starbucks!

Je termine en contestant votre assertion selon laquelle une politique d'admission exigeante combinée à une aide financière considérable est susceptible de rehausser la valeur des diplômes obtenus à prix fort en diminuant leur nombre. Bien que je sois d'accord avec l'augmentation des droits de scolarité pour diverses raisons, je ne crois pas que l'objectif visé par le gouvernement soit de réduire le nombre des futurs diplômés. Je citerai la rectrice de l'Université McGill, Heather Munroe-Blum, dans Le Devoir du 30 mars dernier:

«Ainsi, les droits de scolarité perçus par les universités québécoises sont les plus faibles au Canada, mais six provinces ont un taux de diplomation supérieur à celui du Québec (30,5%). En fait, deux des provinces où les droits de scolarité sont les plus élevés - la Nouvelle-Écosse et l'Ontario - affichent des taux de diplomation supérieurs à la moyenne canadienne, soit 48,9% et 41,0%, respectivement.»