«Jamais nous ne voilerons nos femmes!» Voilà ce qu'affirmait un Malien tout récemment dans la foulée des troubles qui agitent son pays.

C'est cela, le Mali.

Je reconnaissais dans cette affirmation le pays que j'ai tant aimé lors de mes trois visites entre 2006 et 2010. Un pays à la pratique de l'islam modéré, moderne et adapté à la vie d'aujourd'hui.

Les Maliens sont pieux et, pour la très grande majorité d'entre eux, pratiquants et adeptes de l'islam. Les autres sont animistes ou chrétiens et les gens de toutes confessions s'entendent très bien depuis des générations. Lors de mes séjours au Mali, j'ai été étonné par le grand respect pour la religion d'autrui, même si tout croyant était fermement convaincu et fier de sa religion. Pour le pratiquant, il ne s'agissait pas de convaincre les «infidèles» des bienfaits de leur religion, mais bien de prêcher par l'exemple, de montrer par les gestes de partage et de respect que sa propre religion est forte et promeut le bien.

Jamais n'y ai-je vu ou entendu de gestes ou de propos offensants au sujet d'une religion. Jamais n'y ai-je senti de condescendance envers les autres communautés religieuses. J'y ai plutôt vu des chrétiens invités à partager le mouton de la Tabaski (Aïd-el-Kébir), et des musulmans participer au repas de Noël des chrétiens.

On y pratiquait la prière de façon ouverte devant l'étranger que j'étais. Ils priaient, là, à côté de moi sur leur tapis en direction de La Mecque, sans malaise de part et d'autre; que deux façons de vivre la vie. Moi admiratif devant leur sérénité avec leur Dieu et eux, fiers devant l'athée. Personne n'avait raison ni n'avait tort. Que deux réalités heureuses.

L'islam que veulent imposer les rebelles islamistes qui se sont récemment emparés du nord du pays ne cadre pas du tout avec les moeurs du pays. L'imposition de la charia et du voile par des conquérants armés, pour plusieurs étrangers, ne sont pas des choix du peuple. Et que dire de l'interdiction de la musique à Kidal? La musique, c'est l'âme des Maliens, des Africains. C'est l'encyclopédie par laquelle ils se transmettent leur histoire, les épopées, leur fierté!

Je ne peux me résoudre à imaginer la fin de la belle tradition des harmonies de clans et de religions au Mali. Nous avons le devoir d'aider ce pays démocratique et stable depuis des lustres, dans une perspective africaine. Si nous voulons vraiment la paix dans le monde, le gouvernement conservateur canadien doit cesser la voie de l'attaque contre de nombreux pays et plutôt privilégier le renforcement des fragiles démocraties choisissant le développement au détriment d'une armée forte, comme le Mali l'a fait.