Initié il y a 15 ans, le carnaval antipolicier de Montréal, affecté par la violence et le vandalisme, a encore fait la preuve de ses effets socialement indésirables.

Ce qui est moins connu des citoyens est le caractère antidémocratique, amateur, et irresponsable de l'organisation qui est à l'origine de cette «manifestation» annuelle prétendument «internationale».

La violence carnavalesque, qui est devenue la norme dans cette «manifestation» du 15 mars, a pour effet de discréditer les personnes qui auraient de bonnes raisons de faire valoir leurs droits face au comportement de certains policiers.

De plus, cette année, du fait de l'appel de certaines organisations étudiantes à participer au carnaval antipolicier, c'est l'ensemble du mouvement étudiant québécois qui subit le préjudice d'une image désastreuse auprès de la population. Le gouvernement a ainsi, sans effort, marqué un point majeur contre le mouvement de contestation de la hausse des droits de scolarité!

À ce sujet, on peut aussi questionner le fait que le mouvement antipolicier soit financé par des organisations étudiantes, collégiales et universitaires, sans que les membres de ces associations soient véritablement bien informés de cette situation. Concernant ce financement douteux, et à propos de cet appel à «manifester» inapproprié, plusieurs dirigeants du mouvement étudiant auront ainsi des comptes à rendre à leurs membres!

Fidèles à ce qu'ils appellent une «tradition», les organisateurs du carnaval, par la voix d'un orateur masqué, ont répété leur habituel discours: on n'encourage pas la violence et le vandalisme, mais on ne les dénonce pas non plus! Face à une majorité d'étudiants porteurs du carré rouge, ce courageux orateur anonyme s'est livré à une exploitation indue et démagogique de la situation de Francis Grenier, le collégien de Saint-Jérôme qui a été blessé lors d'une manifestation étudiante.

Le nouveau nom (Convergence contre la répression politique et policière) utilisé cette année pour l'appel au carnaval antipolicier ne doit pas faire illusion: c'est le même petit groupe très fermé qui dirige l'organisation, et qui n'a de comptes à rendre qu'à lui-même. Se caractérisant par un degré inégalé d'amateurisme, le comité occulte du carnaval avait placé jusqu'à récemment ses documents «secrets» sur le site internet d'une université montréalaise, ce qui permet d'avoir une bonne idée de la réalité «masquée» et antidémocratique, de l'organisation du carnaval.

Parmi les membres du comité, il faut signaler la présence d'un professeur d'université, qui a un certain ascendant sur le groupe, et qui avait amené celui-ci à accepter le projet d'un «15 mars» qui aurait pris la forme d'attaques organisées des postes de police de quartier, avec la collaboration d'organismes sociaux... Il s'agissait d'une opération «secrète» dans laquelle le groupe ne devait pas être officiellement identifié.

J'ai été témoin, sur le terrain de l'action, du professionnalisme de l'organisation policière et des interventions des policiers qui se sont employés à éviter le pire, jeudi. Dans un contexte très tendu, avec un mélange de passants et de «manifestants» comprenant de nombreux étudiants peu ou pas conscients de la manipulation dont ils sont l'objet, avec la présence d'automobilistes excédés, le travail de sécurisation du centre-ville de Montréal était à haut risque.

Les policiers n'étaient pas, par exemple, à même de protéger ce citoyen désemparé, qui m'a dit avoir été agressé par un petit groupe de «manifestants» qui lui ont volé son téléphone cellulaire: ce simple fait, parmi de nombreux autres socialement indésirables qui se produisent depuis 15 ans, devrait convaincre des organisateurs occultes et irresponsables de décréter la fin de ce lamentable carnaval, qui fait des policiers des boucs émissaires des différents problèmes qui affectent notre société!