J'ai appris lundi le décès de Mr. Steve; Steve Kirman, fondateur du magasin de Musique Steve de la rue St-Antoine à Montréal.

Un grand choc pour moi. Étant actif dans la mise en marché d'instruments de musique depuis trois décennies, j'ai, au fil des ans, développé une relation d'affaires avec M. Kirman, de même qu'un lien d'affection, à l'image du personnage; unique et complexe. Comme tant d'hommes d'affaires qui, comme on le dit ici « est parti avec un' claque pis une bottine » a bâti une des plus grandes chaines de magasins de musique au Canada, et aura été un des joueurs clé dans le développement de cette industrie qui s'alimente à la passion des musiciens et des amateurs.

On a beaucoup écrit sur le magasin, mais assez peu sur l'homme. Steve dégageait une prestance, une force impressionnante, qui lui auront permis de se tailler une place dans le marché local à une époque ou on pouvait compter sur les doigts de la main le nombre de détaillants d'instruments de musique à Montréal. Comme tant de jeunes dans les années soixante, mon premier contact avec les instruments de mes rêves, époque ou je découvrais mon identité de guitariste, à l'époque des Beatles, à l'aube de la plus grande époque de la guitare en tant qu'instrument, mais surtout, époque de la musique rock en tant qu'identité, en tant qu'étendard de toutes les générations de jeunes depuis,  outil d'expression de prédilection des marginaux, des revendicateurs, des héros et de millions de personnes qui y auront trouvé une voix. Steve a apporté à Montréal la façon « 48e Rue, à New York » d'offrir les outils du rock aux musiciens Montréalais.

Ce qui m'aura inspiré à écrire ces quelques mots, c'est le côté que j'ai connu de cet homme, la face cachée de Steve; l'homme de coeur. Le père de famille auprès de sa femme et de ses enfants, bien sûr, mais aussi auprès de ses employés et de ses relations d'affaires. Il est courant chez Steve d'y trouver des employés qui y passeront leur carrière; phénomène de plus en plus rare. Mais ce que Steve aimait pardessus tout était les moments passés à échanger, à connecter avec les gens. Dans l'intimité, avec Lea, sa douce moitié, ils étaient le « Steve and Lea Show ». Ils le disaient ainsi. Touchants et drôles, ces deux complices qui auront élevé leur famille, qui passait avant tout, et un petit empire à Montréal, Ottawa et Toronto,  resteront à jamais en moi, un exemple de vie.

Steve à qui je pense d'abord comme un dur au grand coeur, qui aura marqué sa ville, son pays et la vie de biens des musiciens comme moi, de sa personnalité de sa vision et de sa persévérance, ce Steve me manque déjà.

Reposes en paix, Steve.