Le Centre des armes à feu du Canada, fondé en 1996, s'est avéré un échec monumental. Du point de vue économique, il devait coûter 2 millions de dollars, il a atteint les 2 milliards. C'est aussi un échec administratif: le cafouillage dans l'enregistrement fait qu'aujourd'hui, il est difficile de savoir comment et par qui les armes à feu ont été enregistrées. On parle ici de 30 permis différents et de 90% d'erreurs et omissions.

Le programme est né de la pression féministe qui s'est manifestée à la suite du massacre de Polytechnique en 1989, où un déséquilibré a abattu 14 étudiantes à l'aide d'une arme de guerre automatique déjà prohibée à l'époque. Les femmes de ce groupe de pression ont alors déclaré la guerre aux hommes porteurs d'un fusil.

Le Parti libéral de l'époque a sauté sur l'occasion pour se faire du capital politique auprès de l'électorat féminin. À la hâte, il a adopté un projet de contrôle des armes à feu.

Le programme s'adressait à tous les possesseurs d'armes qui devaient remplir une déclaration détaillée des armes en leur possession: marque, numéro de série, calibre, longueur du canon, grandeur du magasin, etc. Or, la plupart de ces armes étant des souvenirs transmis de génération en génération, leurs possesseurs étaient souvent incapables de fournir les informations requises. Un questionnaire, joint à la déclaration, avait pour but de recueillir des informations sur la vie personnelle et familiale des répondants. Suivant le postulat que les armes à feu étaient des instruments utilisés par les hommes pour tuer leur conjointe, il était nécessaire de définir, a priori, les classes dangereuses. C'est ainsi que le programme est devenu un instrument de contrôle des propriétaires d'armes à feu et, par voie de conséquence, un fichier des criminels potentiels dans les mains de la GRC.

Le recueil des informations par le bureau responsable du programme situé à Miramichi a, le plus souvent, comporté des erreurs qui ont dû être corrigées par les détenteurs. Intentionnellement ou non, plusieurs ont aussi fourni des données erronées. Un courant d'opposition en a résulté à travers le pays.

Bien vite, les agriculteurs, chasseurs, collectionneurs, trappeurs et membres des Premières Nations se sont fortement opposés à ce contrôle: ceux qui utilisaient les armes à feu pour leur travail ont finalement été dispensés de tout enregistrement.

Tout au long du programme, les plaintes se sont multipliées. Les cartes de possession concernaient uniquement ceux qui avaient enregistré leurs armes et il était nécessaire de s'en procurer une nouvelle pour les achats éventuels. Par la suite, les deux cartes ont été regroupées en une seule.

Au moment de la mise en place du programme, il avait été décidé d'imposer des frais d'enregistrement de 10 dollars. En raison de nombreuses plaintes, ce paiement a été aboli. Il est ensuite nécessaire de suivre le «cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu» et de subir un examen de manipulation d'armes. Ces cartes ne sont pas toujours valables d'une province à l'autre.

Au fil des ans, les objectifs de ce programme sont passés du recensement des armes à feu, à leur entreposage et transport sécuritaire, puis à l'obligation d'un cours de maniement pris en charge par des moniteurs ou par des clubs de chasse et pêche et, enfin, au contrôle des possesseurs d'armes à feu. Un contrôle qui a abouti à un registre national des futurs meurtriers.

Si le programme des armes à feu est aboli et que le registre actuel est détruit - et il doit l'être à cause des erreurs qu'il comporte -, il serait aberrant que seules les données québécoises soient sauvegardées. Ce serait une forme de discrimination envers la population du Québec, car ces données induiraient en erreur la police qui s'en servirait.