La conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Durban, en Afrique du Sud, se résume en une seule et importante question: doit-on prolonger le protocole de Kyoto ou l'abandonner?

Le gouvernement canadien actuel voudrait bien voir se concrétiser la mort du protocole de Kyoto à Durban. Comment est-ce possible que notre pays jadis considéré comme un fervent collaborateur dans la lutte contre les changements climatiques soit maintenant dans le même camp que la Russie qui elle aussi s'accroche à ses ressources en hydrocarbures?

Les négociations internationales climatiques sont très complexes et il existe une multitude d'intérêts difficiles à réunir. Une entente sur une nouvelle période contraignante en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre où tous les pays ressortiraient gagnants semble être un scénario impossible. Le noeud du problème est le congrès américain contrôlé par les républicains qui refusent l'évidence scientifique que les activités humaines sont responsables des changements climatiques en cours.

Mais la question climatique demeure et les gouvernements concentrent leurs efforts à la résolution de la crise financière alors que la solution se trouve dans l'intégration des deux problématiques. La croissance économique pourra seulement reprendre en osmose avec le respect de l'environnement.

L'apex de l'ironie réside dans la position du gouvernement conservateur contre une extension du régime de Kyoto alors que ce même gouvernement s'investit énormément dans les affaires arctiques. Les changements climatiques sont très perceptibles dans cette région du globe et le gouvernement conservateur est au courant de ce fait. Or, une gouvernance saine de l'Arctique canadien passe par une solution internationale aux changements climatiques.

Une résurrection du protocole de Kyoto demeure le meilleur outil pour assurer une stratégie nationale adaptée au territoire arctique canadien. Il est temps pour le gouvernement canadien après toutes les critiques environnementales dont il a été la cible de faire preuve de cohérence.

Les sables bitumineux et les immenses ressources en hydrocarbures dont le Canada bénéficie sont aussi à la source du problème alors que le transfert vers un approvisionnement en énergies renouvelables demeure très lent en comparaison avec les Allemands ou les Scandinaves. Il est paradoxal pour la diplomatie canadienne de promouvoir les sables bitumineux et la coopération circumpolaire, ce qu'elle fait en ce moment.

Ces trois pays nordiques et membres de l'Union Européenne s'engagent d'une façon beaucoup plus responsable envers leurs populations arctiques alors qu'ils ont eux aussi insisté sur le développement de l'Arctique et la coopération circumpolaire tout en militant dans le contexte de l'UE pour des objectifs ambitieux et contraignants en ce qui concerne la diminution des émissions de gaz à effet de serre.

Cette contradiction où s'entrechoquent l'engagement envers le territoire arctique et la position sur les changements climatiques discrédite le gouvernement canadien aux yeux des autres nations arctiques et européennes et surtout aux yeux des Canadiens.