Les escouades mixtes y ont mis fin, mais les policiers doivent composer avec les fortes attentes des gouvernants et du public.

On fait beaucoup état ces derniers jours des malaises existants à l'Unité permanente anticorruption (UPAC) entre certains enquêteurs provenant de divers corps policiers qui travaillent au sein de ces escouades élites.

Si on parlait plutôt de culture policière? De cette micro-société qu'est la police? Depuis toujours, ces malaises existent et ce, à travers le monde.

À une certaine époque, j'ai étudié et enseigné à l'Académie du FBI à Quantico, en Virginie. La rivalité entre certains membres du FBI et du DEA (Drug Enforcement Administration) qui occupaient les mêmes installations était palpable. Même constat entre les State Troopers et les shérifs contre les corps de police municipaux américains.

En France, la gendarmerie et la police nationale rivalisent maintenant avec les policiers municipaux, car plusieurs grandes villes de France se dotent depuis quelques années de corps de police municipaux. Phénomène similaire en Belgique, qui a fusionné la gendarmerie nationale et les corps de police municipaux en une même entité. J'ai travaillé et enseigné avec ces corps policiers. Même constat.

Plus près de chez nous, au Québec, à une certaine époque, la guerre entre les rouges (les chapeaux) qui snobaient les verts (les provinciaux), qui eux snobaient les gros bleus, qui snobaient eux-mêmes les petits bleus. Ça m'a toujours irrité pendant les 30 années où j'ai eu le privilège de les côtoyer, de leur enseigner et de les aider (très modestement) comme travailleur social.

Esprit d'appartenance, direz-vous? Peut-être! Mais quelques fois malsaine. Car pendant que ces chicanes de couleur faisaient rage, les criminels, eux, s'associaient et forgeaient des alliances. Et nous l'avons compris à temps. Les escouades mixtes sont issues de cette réflexion.

La guerre des couleurs est terminée, indépendamment de nos origines organisationnelles. La problématique est plutôt la vision et les attentes du public et des gouvernants vis-à-vis du rôle du policier-enquêteur, et d'une gestion à repenser face à ces escouades spécialisées.

Le public exige la transparence de la part de ces enquêteurs, soit! Mais il est permis de constater que cette institution, la police, de même que les femmes et hommes qui la composent, sont issus de plusieurs systèmes et qu'ils sont sollicités par les exigences parfois complémentaires, parfois contradictoires, d'au moins trois ordres institutionnels: l'ordre légal, l'ordre politique et leur propre ordre professionnel.

Les enquêteurs de police, pas plus que les autres, n'aiment être considérés comme des hommes-objets, robotisés par les technocrates qui les veulent plus efficaces ou par ceux qui souhaitent limiter leur rôle. Voilà peut-être le vrai malaise: ils ne sont pas dupes.