Expert-conseil en communication stratégique, l'auteur a été secrétaire général du Regroupement des associations étudiantes universitaires du Québec et initiateur de la loi sur la reconnaissance et le financement des associations étudiantes au Québec

Pour attirer l'attention aujourd'hui, il faut avoir une bonne cause afin d'obtenir l'appui de l'opinion publique. Malheureusement, le mouvement étudiant québécois gaspille présentement son capital de sympathie en s'opposant tous azimuts à la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement québécois, tout simplement parce qu'il n'a pas ciblé le bon enjeu et par conséquent la bonne cause.

En effet, les frais de scolarité ne doivent pas être évalués seulement sous leur aspect financier, mais surtout comme un indicateur d'acquisition de connaissances et de savoir-faire qui doit rapporter à l'ensemble de la société québécoise.

Il y a quelque chose qui sonne faux dans le discours étudiant et en tant qu'ex-leader étudiant, j'aimerais que les leaders actuels réfléchissent à ma proposition, en dehors du modèle corporatiste du «chacun pour soi» hérité des années 70 et 80. À l'instar d'un célèbre président américain, je vous pose la question suivante: plutôt que de vous demander ce que la société québécoise peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour la société québécoise.

J'ai toujours cru en effet que nous sous-estimions le potentiel universitaire. Pourquoi ne pas lier le paiement des frais de scolarité  à l'engagement des étudiants dans leur communauté? Ainsi, un étudiant qui accepte de travailler pendant un an ou deux après l'obtention de son diplôme pour des régions ou des milieux défavorisés, obtiendrait une annulation de sa dette en retour de son engagement communautaire. Ce modèle pourrait être également appliqué dans le cadre de travaux pratiques ou de stages à partir d'un modèle de Centre étudiant de services communautaires (CESC).

Cette proposition simple, un contrat en le gouvernement, l'étudiant et l'université, permettrait à ceux qui s'impliquent dans un milieu de vie, de réduire proportionnellement leur endettement en fonction de leur engagement communautaire et redonner ainsi  à la société une partie des coûts encourus pour le financement des études universitaires. Seule une minorité de citoyens ont le privilège d'obtenir un diplôme universitaire, pourquoi alors ne pas faire profiter aux plus démunis les connaissances acquises et financé par l'ensemble des citoyens?

La richesse des étudiants universitaires, ce sont les connaissances acquises et celles-ci ont de la valeur, d'où le paiement d'un montant de droits de scolarité qui ne représente qu'une infime partie des coûts de la formation acquise, pensons aux étudiants en médecine, en médecine dentaire ou en génie.

Suis-je trop idéaliste? Je sais qu'il sera difficile pour les leaders étudiants de proposer une nouvelle option, le service d'engagement communautaire, qui lui s'ajouterait au système de prêts et bourses actuel, mais l'important n'est-ce pas de maintenir l'accessibilité aux études universitaires et de faire en sorte que les étudiants utilisent leur plein potentiel pendant et après leurs études?

Faire de la politique étudiante autrement, demande de sortir des sentiers battus, d'innover et de créer de l'espoir, car l'avenir appartient à ceux et celles qui ne craignent pas le changement. Le mouvement étudiant québécois sera-t-il capable de proposer une nouvelle vision pour le financement et l'avenir des universités et en faire un nouvel enjeu économique et social? Les leaders étudiants pourront-ils proposer une nouvelle vision face aux droits de scolarité et suggérer un débat sur l'université et son engagement auprès de la communauté? Si oui, ce nouvel enjeu nous permettra de sortir enfin du modèle de société corporatiste traditionnel où règne le «chacun pour soi».