Jeudi et vendredi, les pays du G20 tiendront leurs assises à Cannes, sous la présidence de la France. Ensemble, ces pays représentent les deux tiers de la population du globe, 90% du PIB mondial et 75% du commerce planétaire. Les orientations arrêtées au cours de ce sommet où tous, principaux pays développés et nations émergentes, seront réunis à une même table, seront fondamentales à l'heure où seules les économies de ces dernières, soutenues par leurs fortes demandes intérieures, connaissent une croissance respectable, alors que les États-Unis sont en panne et l'Europe en crise.

Cela laisse supposer cependant qu'une entente soit réellement possible. Ce qui est loin d'être évident. Car, outre la difficulté des 20 à s'entendre sur les façons de relancer la croissance, il y a fort à parier que les problèmes de gouvernance intérieure de plusieurs d'entre eux joueront, plus que pour les sommets précédents, en défaveur d'un accord pour éviter une déconfiture de l'économie mondiale.

Du côté américain, comme on a pu l'analyser lors de notre dernière chronique, le président Obama a loin d'avoir les coudées franches pour assumer un leadership lors de ces assises et proposer des solutions cohérentes, avec les républicains et le Tea Party qui le paralysent.

Du côté européen, ce n'est pas seulement sur fond de crise économique et financière de la Grèce et de l'Italie, du marasme du sous-emploi de l'Espagne et d'une sous-capitalisation des banques, que s'ouvrira ce sommet, mais d'abord sur un véritable brasier qui met à feu et à sang la population de la Grèce et suscite des questionnements sur l'avenir même de l'Union européenne.

S'ajoute à ce contexte difficile d'ouverture, une véritable débandade des principaux leaders politiques d'Europe ; une débandade qui, qu'on le veuille ou non, aura une incidence sur la force de leurs engagements et le leadership dont ils témoigneront à Cannes.

Angela Merkel, sacrée récemment femme la plus puissante d'Europe, a mordu la poussière lors des sept dernières élections régionales à cause de la trop grande intensité qu'elle a mise à vouloir à tout prix procéder au sauvetage de la Grèce et des autres.

En Italie, les jours de Silvio Berlusconi sont comptés, pris dans une série de scandales à caractère sexuel et dans des soupçons continus de corruption.

En France, malgré l'assurance dont il fait preuve, Nicolas Sarkozy est lui aussi en sursis pour quelques mois jusqu'aux présidentielles d'avril 2012 et, en attendant, selon les plus récents sondages, plus de 80 % des Français sont insatisfaits de ses politiques, 70% le désavouent.

Enfin, au Royaume-Uni, le premier ministre Cameron a subi la semaine dernière, en moins d'une année et demie de règne, les frondes de ses propres députés qui remettent en cause l'appartenance du pays à l'Union européenne. Sans être en péril, le premier ministre est très certainement ébranlé.

La faiblesse du leadership européen, comme celle des États-Unis, pourrait desservir les travaux du sommet du G20. Le leadership devra venir d'ailleurs.

À cet égard, il sera intéressant de voir comment la Chine se comportera à Cannes, surtout après l'épisode de la semaine dernière où elle a annoncé sa participation au fonds de sauvetage européen. La Chine (et les autres pays du BRICS) a besoin de l'Occident pour écouler ses exportations et poursuivre sa croissance; elle a donc tout intérêt à ce que cette partie du monde se porte bien.

Mais l'Occident a besoin du marché de la Chine et des ses capitaux. Première créancière des États-Unis, elle est en voie de le devenir également pour l'Europe. C'est peut-être de là que s'exprimera un nouveau leadership, précurseur d'un véritable bouleversement de l'ordre mondial. Et comme dit le vieil adage, «Money talks».