Les jeunes familles recherchent des quartiers complets avec des commerces, des parcs, des écoles, à proximité du travail.

Les critiques des élus et hauts fonctionnaires venant de la couronne nord veulent laisser croire qu'en interdisant tout nouvel empiètement dans la zone agricole, l'économie de la région métropolitaine en souffrirait et que les jeunes familles seraient tenues d'oublier «leur rêve d'une résidence unifamiliale».

Voilà deux arguments non fondés, qui s'apparentent davantage à de la démagogie. En interdisant tout nouvel empiètement dans la zone agricole, le Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD) vise plutôt à consolider le développement du territoire dans les secteurs déjà urbanisés pour de nombreuses raisons collectives tout à fait logiques et à propos.

Premièrement, interdire l'empiètement dans la zone agricole nous permettra de réduire les besoins pour la construction de nouvelles infrastructures routières. Alors que notre réseau routier a un urgent besoin d'investissements (pont Champlain, échangeur Turcot), il nous apparaît irresponsable et contradictoire d'investir dans de nouvelles infrastructures routières aux limites de la région métropolitaine, d'autant plus qu'il existe encore plusieurs terrains vacants ou sous-utilisés déjà desservis par de telles infrastructures.

Deuxièmement, interdire l'empiètement dans la zone agricole nous permettra de protéger les meilleures terres agricoles du Québec. Bien que le Québec soit vaste, moins de 2% de sa superficie est propice à l'agriculture et les meilleures terres agricoles se trouvent dans le sud du Québec, à proximité de Montréal. Constatant que ce patrimoine agricole déjà très restreint ne cessait de reculer devant l'urbanisation galopante, le gouvernement du Québec adopta en 1978 la Loi sur la protection du territoire agricole. Plus de 30 ans plus tard, il est désolant de constater que des élus et hauts fonctionnaires de la couronne nord désirent contrecarrer une loi qui fait pourtant consensus au sein de la population québécoise.

De plus, avec l'accroissement du coût des transports et des aliments, il nous apparaît tout à fait justifiable de conserver les terres agricoles à proximité de la région la plus peuplée du Québec.

Troisièmement, interdire l'empiètement dans la zone agricole nous permettra de faciliter la mise en place d'infrastructures de transport en commun efficaces. Bien qu'il y ait un large consensus au sein de la population sur le besoin d'améliorer les services en transport collectif, il est néanmoins difficile, voire même impossible, d'offrir un réseau de transport collectif efficace dans une région composée principalement de résidences unifamiliales dispersées sur un large territoire.

Pour être efficace et compétitif, un réseau de transport collectif requiert une certaine densité de population. Pensons notamment à de nombreuses villes européennes, dont Copenhague, Stockholm, ou Berlin. En poursuivant l'empiètement dans la zone agricole, nous poursuivront l'étalement urbain et notre dépendance à l'automobile, sans mentionner les torts que ceci engendra sur notre environnement.

Enfin, interdire l'empiètement dans la zone agricole nous permettra d'encourager la construction de nouveaux projets résidentiels novateurs à l'affût des besoins de la population.

Étant dans le début de la trentaine, nous ne partageons pas l'opinion des élus et des hauts fonctionnaires de la couronne nord qui veulent laisser croire que les jeunes familles ont pour rêve l'achat d'un bungalow. Au contraire, les jeunes familles recherchent des quartiers complets, avec des commerces, des parcs, des garderies, des écoles, à proximité du travail, le tout afin notamment de réduire leur temps de déplacement et d'économiser en frais de transport.

Nous constatons dans notre entourage que la vie en banlieue éloignée est souvent gage de stress et de fatigue, compte tenu notamment des nombreuses heures consacrées hebdomadairement aux déplacements en voiture.