Le vent de changement politique qui balaie le paysage politique canadien depuis la dernière élection fédérale continue de faire des bourrasques.

Après l'élection spectaculaire de Naheed Nenshi à la mairie de Calgary, le Parti progressiste conservateur de l'Alberta vient de choisir Alison Redford comme leader. Elle sera la première femme première ministre de l'Alberta. Pauline Marois doit être jalouse!

C'est un secret de Polichinelle que Pierre Elliott Trudeau est détesté en Alberta. Sa politique énergétique a eu des effets néfastes pour plusieurs industriels de l'or noir. Cependant, la province la plus conservatrice du Canada est celle qui incarne le mieux le multiculturalisme de Trudeau dans la haute politique.

Quelques exemples : le maire de Calgary Naheed Nenshi est musulman et ses parents sont immigrants de la Tanzanie. Son chef de cabinet et architecte de sa victoire, Chima Nkemdirim est du Nigeria. Le maire d'Edmonton Stephen Mandel est juif. Le nouveau chef de l'opposition officielle et chef du Parti libéral de l'Alberta, Raj Sherman, est d'origine indienne. Un des ministres influent dans le cabinet sortant de Ed Stermach est noir est originaire des caraïbes. Même le candidat défait par Alison Redford a des origines chinoises.

Alison Redford est une avocate âgée de 46 ans. Elle a commencé sa carrière comme conseillère politique  au sein du cabinet de Brian Mulroney. Elle a aussi conseillé Joe Clark. Après la chute du régime néfaste de l'apartheid, elle est allée conseiller Nelson Mandela en Afrique du Sud. C'est elle qui a réformé  le système judiciaire de ce pays.

Voici ce qu'elle a appris du style de leadership auprès du sage africain : «J'ai appris à écouter mes collègues  avant de prendre une décision. Après  avoir entendu les points de vus des autres je prends ma décision et elle est finale.  Je suis guidée par des principes fondamentaux» m'a-t-elle dit au cours d'une entrevue une semaine avant sa victoire.  Madiba aurait voulu qu'elle reste en Afrique du Sud mais elle a décidé de rentrer afin de servir son pays. Quand l'ancien président visitait le Canada, il s'assurait toujours d'avoir un diner privé avec elle. Avant sa victoire, elle était ministre de la Justice dans le cabinet Stelmach.

Fait spectaculaire, son élection à la tête de la province signale une victoire de l'aile gauche du Parti conservateur. En effet,  elle  dirige le camp progressiste au sein de son parti. Son groupe comprend notamment Lindsay Blackett, ministre de la Culture et de la vie communautaire, Hector Goudreau qui est ministre des Affaires municipales et responsable du Secrétariat francophone ainsi que le candidat défait Doug Horner. Ce dernier a été ministre de l'Agriculture.

L'Alberta change. Comme me l'a déclaré dans un français impeccable le maire Naheed Nenshi mercredi dernier : «En Alberta, on ne tient pas compte de ta couleur de la peau. On se fout de ta religion. Ce qui est important, c'est ce que tu peux apporter à la table pour nous faire avancer».

L'Alberta n'a plus rien à envier aux autres villes cosmopolites du Canada, dont Montréal et Toronto.