Les paroles s'envolent et les écrits restent, dit-on. Voyons ce que Mme D., la source de Lysiane Gagnon, écrivait à la clôture de sa cause: «Merci Me Goldwater pour votre droiture. Avec le tableau rigoureux que vous m'avez fait parvenir, vous respectez en tout point le jugement... Il est évident que jamais vous ne risqueriez de perdre votre réputation à vouloir contourner un jugement rendu à la Cour! C'est tout à votre honneur!»

Après avoir conclu, à la suite de la lecture des documents fournis par Mme D., que «la situation était empreinte des deux côtés d'une lourde charge d'acrimonie», si Lysiane Gagnon s'était donné la peine de vérifier les dires de Mme D., elle aurait appris que la cause en question portait principalement sur une demande de garde partagée du père, et que celui-ci offrait de payer une pension alimentaire pour ses enfants plus élevée que celle dictée par les barèmes québécois de pension alimentaire pour enfants, tel qu'en fait foi le jugement: «Fixe la pension alimentaire que monsieur doit payer à madame pour les enfants à 1176$ par mois et ce, en dérogation des tables de fixation et parce que monsieur offre de payer plus que ce qui est prévu aux tables.»

Enfin, même si elle avait été mariée, avec son revenu annuel de 52 000$, il est peu probable que Mme D. aurait obtenu une pension alimentaire de son ex-conjoint qui gagnait 175 000$ par année.

Être féministe ne signifie pas qu'il faille être contre les hommes! Je ne vois aucune hypocrisie à avoir contribué, dans ma carrière, à promouvoir la place des pères auprès de leurs enfants, lorsqu'ils le désirent. Par exemple, en 2003, j'ai obtenu de la Cour d'appel la reconnaissance de l'exercice conjoint de l'autorité parentale du père même lorsque la mère a la garde exclusive des enfants.

Pour moi, le féminisme signifie d'abord et avant tout de permettre aux femmes de faire les choix de vie qu'elles désirent. En contrepartie, les pères ne sont plus réduits à n'être que des pourvoyeurs. Le féminisme que j'épouse embrasse les hommes tout autant que les femmes!

Cela dit, j'ai toujours dénoncé haut et fort les barèmes québécois de pension alimentaire pour enfants qui pénalisent les mères et les enfants, surtout en cas de garde partagée. Je me fais un devoir d'expliquer cette situation regrettable à mes clients et je n'ai d'habitude aucune difficulté à les convaincre de hausser la pension alimentaire pour leurs enfants en garde partagée (comme c'était le cas pour ce papa).

Fidèle à mes convictions, j'ai contesté la constitutionnalité des sommes établies selon les tables québécoises devant la Cour supérieure du Québec. Cette cause est présentement en délibéré. Qu'il me soit permis de souligner que ma collègue, Me Marie-Hélène Dubé, et moi-même menons ce combat en grande partie pro bono, car nous estimons toutes les deux qu'il s'agit d'une véritable tragédie pour les enfants québécois.

Les basses tentatives de Mme Gagnon pour essayer de me discréditer personnellement ne font pas honneur à sa profession, et, j'ose espérer, ne parviendront pas à faire diversion dans l'opinion publique au sujet des vrais enjeux sociaux que soulèvent la constitutionnalité de l'absence de droits entre conjoints de fait ou l'insuffisance des pensions alimentaires pour enfants au Québec.

Réplique à Me Goldwater

1) Même si la pension offerte dépassait les barèmes québécois (c'est une autre question, qui n'était pas pertinente dans le contexte de cette chronique), le fait demeure que votre client entendait la réduire substantiellement dans sa requête de garde partagée.

2) Les revenus déclarés par votre client étaient contestés par son ex-conjointe.

-Lysiane Gagnon