Mon père, Odilon Deschênes, est décédé le 12 octobre, à l'âge de 80 ans, des suites d'un cancer du pancréas. Malgré un pronostic de survie de deux ou trois mois, il est décédé presque huit mois après le diagnostic. Et il a profité de chacune des journées que le ciel a bien voulu lui donner, jusqu'à la fin. Quel combattant il était!

Lorsqu'on reçoit un diagnostic de cancer, le sol se dérobe sous nos pieds. C'est une maladie qui fait peur. La maladie de mon père nous a plongés dans la tristesse et le désarroi, mais elle nous a aussi offert un cadeau inestimable: du temps. Contrairement à un décès subit, nous avons eu le temps de dire à mon père tout notre amour, de profiter de sa sagesse, de l'écouter nous parler de lui, de sa vie. J'ai pu le dorloter, le masser alors que tout son corps lui faisait mal, lui dire que je l'aimais... Tout a été dit.

Comme c'est dans les moments difficiles qu'on reconnaît ses vrais amis, la présence de ses nombreux amis en dit long sur l'homme qu'a été mon père, droit et intègre, loyal et généreux. Alors qu'il a reçu la pire nouvelle de sa vie, voilà que ces anges ont pris sur leurs épaules la mission de rendre ses derniers mois les plus beaux et heureux possible. L'amitié n'a pas d'âge et j'ai reçu, du haut de mes 33 ans, une bien belle leçon de loyauté et de fidélité.

Malgré tout le négatif qu'on entend sur le réseau de santé québécois, j'ai réalisé, pour l'avoir connu de l'intérieur, que des gens dévoués y travaillent. Merci au personnel du 6e étage du CSSS de Jonquière qui a traité mon père comme un roi, entre le 28 septembre et le 12 octobre. Vous êtes, vous aussi, des anges que nous n'oublierons jamais.

Il est parti, cet amoureux de la vie qui a touché tant de gens. Il était un être d'exception qui ne laissait personne indifférent. Il était un homme de peu de mots, mais d'une sagesse et d'une présence qui vous marque à jamais. Lorsqu'il vous gratifiait d'un sourire ou d'une tape sur l'épaule, vous saviez que vous aviez conquis son coeur. C'était un mari aimant, marié à ma mère depuis 51 ans; un père dévoué, fier; et un grand-père attentionné.

C'était un homme d'honneur. Il ne voulait pas partir, il avait encore tant de choses à faire et tant de gens à aimer, mais il était malgré tout serein et paisible, jamais en colère contre cette fatale maladie. Je remercie la vie de l'avoir eu à mes côtés lors de mon mariage et de lui avoir permis de connaître ma petite Évelyne, moi, «enfant last call», qui redoutait tant qu'il ne soit pas là lors de ces moments importants.

En sortant de l'hôpital, pour une dernière fois le matin du 12 octobre, j'ai vu dans le ciel une volée d'outardes. J'y ai vu là un clin d'oeil de mon père d'amour. Salut papa!

Isabelle Deschênes

Blainville