Le président américain Barack Obama vient de remporter une belle victoire au Conseil de sécurité de l'ONU. Sa diplomatie d'ouverture a mené à l'adoption hier d'une résolution sur la non-prolifération nucléaire.

À Pittsburgh aujourd'hui, dans le cadre de la réunion des leaders du G20, il n'aura sans doute pas la même chance, les divergences sur la relance économique brouillant une entente entre pays occidentaux. Mais les leaders du G20 pourront saluer un développement bien concret dans les relations internationales, le dégel américano-russe, dégel fondamental pour la gestion des questions de paix et de sécurité mondiales et qui porte maintenant ses fruits.

 

C'est bien Barack Obama qui a pris l'initiative de relancer les relations entre les États-Unis et la Russie en annulant le déploiement en Europe de l'Est d'éléments d'un bouclier antimissile aussi inutile que provocateur envers Moscou.

Contrairement aux affirmations de l'administration Bush, les éléments de ce bouclier, dont on prévoyait l'installation en Pologne et en République tchèque en 2015, n'ont jamais été destinés à contrer la menace de missiles iraniens de longue portée. Celle-ci est inexistante. Ils étaient - du moins c'est ce qu'on a tenté de nous faire croire - d'abord et avant tout conçus comme une garantie au lien de sécurité entre ces pays et les États-Unis.

Mais cette garantie n'était qu'un écran destiné à masquer les véritables capacités de ces éléments du bouclier, comme l'a révélé un général américain: la surveillance en profondeur du territoire russe. Le gouvernement russe ne s'y était pas trompé en protestant furieusement contre ce qu'il qualifiait de nouvelle démarche d'encerclement.

L'équipe Obama a pris la bonne décision. Elle a compris que, face au nucléaire iranien et nord-coréen, à l'enlisement du processus de paix israélo-palestinien, à la nécessité d'éviter des frictions inutiles au sujet de l'Ukraine et de la Géorgie et aux conséquences de la crise économique, il était préférable d'avoir la Russie à ses côtés.

Le premier dossier où Washington a besoin de la coopération de la Russie, mais aussi de la Chine et des autres puissances, est celui du nucléaire. Hier, lors d'une réunion exceptionnelle des chefs des 15 États membres du Conseil de sécurité, le président Obama a fait adopter une importante résolution sur le Traité de non-prolifération des armes nucléaires grâce au soutien russe.

Cet instrument visant à combattre la prolifération de la bombe atomique n'a pas tenu tous ses engagements. Aux cinq puissances nucléaires reconnues par le traité s'est ajouté un club d'États non reconnus par le traité - le Pakistan, l'Inde, Israël et la Corée du Nord - auquel l'Iran pourrait bientôt se joindre. Si rien n'est fait pour stopper ce processus, Washington et d'autres capitales craignent un effet en cascade auprès d'autres pays désireux d'acquérir l'arme ultime.

La Russie aide présentement l'Iran à construire ses installations nucléaires civiles, d'où l'impérieuse nécessité de Washington d'obtenir sa coopération afin de convaincre le régime à Téhéran de renoncer aux aspects militaires. Le président russe Dmitri Medvedev vient de donner son accord à des nouvelles sanctions contre Téhéran. Les négociations qui vont s'engager le 1er octobre entre toutes les parties sont, selon certains spécialistes, la dernière chance de conclure un accord diplomatique afin d'éviter une escalade militaire.

Le deuxième dossier porte plus largement sur les relations de sécurité entre la Russie et le monde occidental. Au cours des huit dernières années, celles-ci se sont dégradées, malgré une collaboration exemplaire sur la lutte au terrorisme. Toutefois, la guerre en Irak, l'expansion de l'OTAN aux frontières de la Russie et le conflit entre celle-ci et la Géorgie l'an dernier ont empoisonné l'atmosphère.

Trois personnages clés ont joué et jouent un rôle dans le présent dégel américano-russe: le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates - déjà en place dans les derniers deux ans de l'administration Bush -, le nouveau secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, et le président russe Dmitri Medvedev.

Chacun à sa manière pousse au réchauffement et on devrait assister à une plus grande coopération entre la Russie et les États-Unis au cours des prochains moins.