Est-ce que les contenus francophones que produit le Québec, qu’ils soient culturels ou scientifiques, sont bien visibles ? Est-ce que les créations d’ici trouvent leurs publics et les publics, les créations ? Comment soutenir la résilience d’une société francophone en Amérique du Nord ?

Dans nos vies numériques, et en cette Journée internationale de la Francophonie, le thème de la découvrabilité des contenus francophones s’impose. Selon un sondage inédit de Léger1 réalisé à la demande de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), les plus jeunes Québécois sont beaucoup moins nombreux que les plus âgés à chercher uniquement en français sur les moteurs de recherche (23 % contre 37 %). Inversement, les plus jeunes sont beaucoup plus nombreux à chercher autant en français qu’en anglais (29 % contre 17 %). Or, ces comportements affectent les contenus qui sont ensuite offerts et explorés.

À l’ère des algorithmes, la découvrabilité devient la condition de tous les heureux hasards qui permettent à une culture de se construire. BAnQ s’intéresse vivement à cet enjeu, car il touche à l’essence de son action. Rendre accessibles les idées et les mots du Québec, encourager leur exploration et favoriser ces découvertes fortuites qui changent une journée ou une vie se trouve au cœur de nos missions.

Même si de nouveaux contenus francophones s’ajoutent chaque jour sur les plateformes, sont-ils visibles lorsqu’on cherche en anglais ? Comprendre le fonctionnement des algorithmes de recherche et comment les gens les utilisent est une nécessité pour nous assurer que tous les Québécois et les Québécoises aient accès à des contenus diversifiés ainsi qu’à nos trésors culturels.

PHOTO DON RYAN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

BAnQ se questionne sur les réflexes des utilisateurs lors d’une recherche en ligne, notamment sur la langue employée, qui affecte les contenus offerts par les algorithmes.

De nombreux sondages2 montrent que les jeunes souhaitent plus de contenus québécois et en français. Ils désirent comprendre, être émus, rire et réfléchir au contact de nos œuvres. C’est aussi ce que nous constatons à la Grande Bibliothèque, à la Bibliothèque nationale et dans nos centres d’archives.3

Adapter nos pratiques

Comment concilier cet appétit pour une culture en français avec nos comportements en ligne ? Comment faire en sorte que les algorithmes travaillent mieux pour nous ?

BAnQ a des spécialistes qui y voient. Ils travaillent de concert avec d’autres experts du Québec et d’ailleurs afin de favoriser la découvrabilité des contenus francophones. Avec nos partenaires de la francophonie, nous agissons aussi en promotion et en marketing numérique, ainsi qu’en facilitant la diffusion des contenus par différents moyens, dont les identifiants uniques (ISBN, ISNI, etc.). Ces actions sont nécessaires, mais sont-elles suffisantes pour faire découvrir efficacement notre patrimoine, notre littérature, nos avancées scientifiques, notre cinéma ?

L’intérêt envers les contenus culturels québécois nous réjouit. Mais comme société d’État qui préserve et met en valeur notre culture, il faut adapter nos pratiques aux préférences et aux comportements évolutifs des publics, ainsi qu’aux nouvelles exigences du numérique.

C’est ainsi que nous jouerons notre rôle dans l’écosystème de la culture. Pour cultiver et alimenter la curiosité de nos publics, il faut nous-mêmes être curieux.

Les bibliothèques et les centres d’archives ont toujours incarné ces espaces de découverte et de curiosité, ils ont toujours été le cœur battant d’une société apprenante.

S’assurer d’une visibilité

Au Québec, être découvert est la condition pour exister. En ce mois de la Francophonie, renouvelons notre engagement envers l’essor de notre culture face aux contenus qui submergent nos réseaux et mobilisent nos attentions. Que faisons-nous pour nous brancher sur notre culture ? Que faisons-nous pour que les algorithmes nous aident plutôt que de nous égarer ? Que faisons-nous pour que le numérique facilite le partage des meilleures idées d’ici et d’ailleurs plutôt que de réduire nos horizons ?

Nos habitudes culturelles se modifient au contact du flux constant des recommandations automatisées. Produire plus de contenus est une nécessité, mais favoriser leur découvrabilité est tout aussi urgent.

Créons ces nouveaux plans de navigation numérique qui nous permettront de nous développer. Faisons en sorte que ces avancées technologiques mettent la lumière sur nos créations plutôt que de nous rendre aveugles à notre propre potentiel. Travaillons ensemble pour que notre culture rayonne plutôt que de glisser dans la pénombre.

BAnQ et ses partenaires sont là pour vous aider à relever ce défi. Voulez-vous bâtir une nouvelle société apprenante avec nous ?

1 Sondage Léger Omnibus sur la langue d’usage des Québécois sur les moteurs de recherche, du 3 au 5 février 2023, 1004 répondants.

2 Enquête CEFRIO / C. Thoër, C. Agbobli et GERACII-UQAM sur le visionnement connecté par les jeunes de 18-24 ans au Québec, du 17 au 23 mars 2020, 1000 répondants. Sondage Léger / ADISQ sur la consommation de musique québécoise francophone, du 14 au 27 mars 2022, 4003 répondants.

3 Regardez la capsule de BAnQ auprès des jeunes et des spécialistes.

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