La lettre de l’étudiante Mirabelle Leins qui commente la récente publicité du gouvernement du Québec sur le français a suscité de nombreux commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Lisez la lettre de Mirabelle Leins

Prismes

Votre lecture de la publicité a été faite avec vos prismes. Cela étant dit, la langue est un outil qui devrait être un véhicule pour une culture qui, je le souhaite, restera québécoise et francophone, mais je constate que les anglicismes (les américanismes, devrait-on dire) que vous employez ne sont que le reflet de la culture dominante et j’ai nommé « le rouleau compresseur américain ». J’espère ne pas être là pour voir la louisianisation de notre culture.

Jean Marc Joset

Mauvaise cible

Bravo Mirabelle ! Bien dit, je suis d’accord avec toi, moi une baby-boomer qui juge que le gouvernement se trompe de cible. Il suffit de voir des reportages sur des Québécois faisant carrière ailleurs qui, même après 10 ans d’exil, s’expriment toujours dans un français impeccable sans accent dans un environnement anglophone pour la majorité d’entre eux. Ton Québec aborde un visage multiculturel qui n’enlève en rien la préséance du français. Au contraire, c’est une richesse de passer d’une langue à l’autre pour certains, ou tout simplement d’utiliser quelques anglicismes. Ce ne sont pas quelques expressions anglaises dans une conversation qui déterminent le déclin du français, il ne faut pas exagérer quand même. 

Lise St-Laurent 

Effacer la langue

C’est le propre de la jeunesse de se croire plus intelligente que ceux qui l’ont précédée. Aujourd’hui, ce sont une dizaine de mots anglais (bien différents des anglicismes) qui intègre leur vocabulaire, extirpant du même coup leurs équivalents français, qui seront en peu de temps oubliés. Demain, ce seront une cinquantaine, et après-demain, une centaine de mots anglais ou plus. Leurs enfants se croiront aussi meilleurs que leurs parents et effaceront peu à peu ce qui reste de la langue de leurs ancêtres. Que ça prenne 10, 50 ou 100 ans, le résultat sera le même et ce seront les trois ou quatre petits mots anglais que Mme Liens croit sans danger qui auront fait le travail.

André Harvey

Comme la gangrène

Les anglicismes, lorsque l’on prétend parler un bon français, c’est comme la gangrène : un jour ou l’autre, ça va nous ronger à un point tel que nous ne reconnaîtrons plus notre langue. Mais à lire les propos de l’étudiante qui a rédigé la lettre dans La Presse, ça ne semble pas très grave. Erreur ! Ne faites pas comme nos cousins de France qui troquent leur langue contre des anglicismes. Quelle honte linguistique ! Pourtant, cette jeune femme nous montre qu’elle sait bien manier notre langue à l’écrit. Quelle belle richesse ! Il y a de l’espoir !

Jean-Claude Beaudry, Sainte-Agathe-des-Monts

Objectif atteint

À mon avis, le simple but de cette publicité est de susciter une prise de conscience. Ce commentaire (et tous les autres !) démontre manifestement que celui-ci a été atteint. L’indifférence eut été un échec.

Sylvain Tessier, Sainte-Émélie-de-l’Énergie

Viser juste

La récente publicité du gouvernement du Québec utilisant certains anglicismes sur un ton de documentaire a visé juste. Les jeunes, qui utilisent de plus en plus ce genre de langage, se sont sentis un peu humiliés et même gênés qu’on les caricature ainsi. Leurs langages supposément cool étant repris par le gouvernement étalent tout le ridicule et la superficialité de ce style. En fait, ce n’est plus chill.

Laurent Tremblay

Instruire et valoriser

Investir pour instruire et valoriser le français est bien plus important que des messages publicitaires creux qui donnent bonne conscience au gouvernement. Par ailleurs, la langue est un moyen de communication fluide, perméable, dynamique qui évolue avec son temps et ses usagers. On pourrait orienter son évolution, mais non la diriger ou la contraindre.

Guy Djandji

Adversaire sournois

Madame Leins, vous êtes dans l’erreur. Ça commence par un mot ou deux et ça finit par plusieurs mots dans une même phrase, comme en Acadie où ma mère est née. Les Acadiens doivent se battre chaque jour pour conserver leur français et les Franco-Canadiens en arrachent aussi pour préserver leur langue. L’assimilation est un adversaire sournois, qui ne fait pas de quartier. Il s’infiltre comme une goutte d’eau dans une fissure.

Roger Stevens

Culture vivante et dynamique

Je suis un boomer francophone, parent de jeunes femmes de 18 et 19 ans. D’abord, vous dire que j’ai adoré la pub évoquant les documentaires animaliers et mettant en vedette le faucon pèlerin. Un peu d’humour dans ce monde glauque fait du bien. Ensuite, vous dire que mes filles utilisent ces termes régulièrement et que je ne m’en offusque pas. Mais j’insiste pour qu’elles écrivent leur français sans faute et qu’elles puissent avoir une conversation relevée, sans anglicisme. Oui, la protection du français est un combat de tous les jours et il commence à la maison. Mais la culture est un truc vivant et dynamique. Que serions-nous sans notre joual et sans Elvis Gratton ?

Claude Reeves