Avec sa nouvelle politique de stationnement, Montréal changera de siècle, enfin.

Le maire Coderre a manqué de cohérence et de vision en début de mandat avec les transports collectifs. Il vient de se reprendre avec le stationnement. La preuve, Projet Montréal ne trouvait que du bon à dire, hier. Certes, la nouvelle politique s'inspire en partie des idées de l'opposition. Mais c'est à l'honneur du maire d'avoir assez de leadership pour les reprendre.

La démarche de M. Coderre a été rigoureuse. Le dernier portrait du stationnement remontait à 1995. Il a donc commencé par en commander un nouveau. Le constat : c'est le bordel. La tarification est incohérente, la signalisation est souvent inintelligible et l'approche varie d'un arrondissement à l'autre. De plus, contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'offre ne manque pas. Il y a même beaucoup de places. Le problème ne provient pas de leur nombre, mais de la façon de les gérer.

C'est à partir de ce constat que la nouvelle politique a été élaborée. Et un important premier pas sera bientôt franchi.

Depuis 20 ans, le stationnement est géré par une filiale de la chambre de commerce. On le confiera enfin à une nouvelle agence indépendante. Le stationnement ne sera plus une simple business. Il deviendra plutôt un outil d'urbanisme. Un moyen de structurer le développement de la ville.

Comment ? En misant entre autres sur la tarification et les nouvelles technologies. Il ne s'agit pas de bêtement pénaliser les automobilistes. Au contraire, dans les quartiers résidentiels, le stationnement devrait parfois être facilité. En effet, s'il faut déplacer sa voiture chaque matin à cause des vignettes, il devient tentant de continuer sa route jusqu'au travail au lieu de prendre le bus ou le métro.

Dans les secteurs commerciaux, c'est le roulement qu'il faudrait encourager pour libérer des places. La tarification devrait augmenter en période de pointe, mais diminuer en période creuse. Aussi, plus une voiture reste garée longtemps, plus le taux horaire devrait augmenter. Tandis que de très courtes périodes pourraient être gratuites.

Les nouvelles technologies aideront à piloter ce virage. Par exemple, la facturation pourrait s'effectuer par plaque d'immatriculation d'ici quelques années. Et la disponibilité des places devrait être consultable sur son téléphone. Ce travail a d'ailleurs déjà été amorcé par Accessum, qui avait reçu le mandat de la chambre de commerce.

Un obstacle demeure, toutefois. La quasi-totalité des stationnements hors rue appartient au privé. Afin d'optimiser ces espaces, l'agence devra innover pour conclure des ententes avec les hôtels, centres d'achats et autres entreprises. Mais la nouvelle politique prévoit déjà des mesures règlementaires, comme de végétaliser les stationnements de plus de 25 places.

Certes, il est encore tôt pour crier victoire. La nouvelle politique ne fera que fournir des critères à l'agence. Ce sera ensuite à elle de les appliquer. La vigilance s'impose donc pour la suite. Mais sur papier, le plan est solide. Il aidera à réduire la « dépendance » à l'automobile et favorisera le transfert vers d'autres modes de transport, comme le bus, le métro, le vélo ou l'autopartage. Et ce, en protégeant les commerçants et la qualité de vie. Il n'était pas trop tôt.

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