En investissant dans les terrains losangés, le maire Coderre veut raviver la flamme du baseball et contribuer au retour des Expos à Montréal.

Mais une autre métaphore combustible serait plus appropriée pour le retour d'une équipe professionnelle. Sous sa forme actuelle, le projet risque d'être un bûcher de fonds publics.

Si on oublie le fantasme des Expos, la politique baseball du maire se défend. Dans la dernière décennie, le nombre de terrains de balle à Montréal a chuté, de 233 à 166. Et ceux qui restent sont dans un piètre état. L'éclairage et le drainage sont vétustes.

Pendant ce temps, la demande augmente. Il y a 10 ans, quelque 17 000 joueurs étaient inscrits dans une ligue de baseball. Ils sont maintenant plus de 25 000, grâce aux nouveaux programmes jeunesse développés par Baseball Québec.

Montréal investira 11 millions en trois ans pour la réfection des terrains. Cela répond à un besoin, et la somme n'est pas déraisonnable. La même enveloppe est par exemple prévue pour les piscines.

M. Coderre a aussi raison de critiquer ceux qui opposent soccer et baseball. Certes, le mini-boom de la balle est modeste. Malgré la récente hausse, le nombre de joueurs reste encore sous le niveau des années 90, alors que le nombre de joueurs de soccer a doublé durant la même période.

Mais Montréal n'a pas négligé le soccer. Près de 50 millions seront dépensés dans un nouveau centre de soccer dans Ahuntsic.

L'approche de M. Coderre est par contre inusitée. Il développe une politique spécifique à un sport. Et pour rallier les arrondissements, la ville centre payera toute la facture, ce qui n'incite pas les arrondissements à une gestion serrée.

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Le projet de retour des Expos est fantaisiste.

Un groupe d'investisseurs privés a commandé une étude de faisabilité. Ils en ont eu pour leur argent... L'étude propose à Québec de financer 67 % de la construction d'un nouveau stade à ciel ouvert. Cela équivaut à 333 millions de dollars.

Pour Québec, le projet se rentabiliserait en huit ans, prévoit l'étude.

Ce scénario très optimiste se fonde sur un huard à parité avec le dollar américain et 28 000 spectateurs par partie (de 1990 à 2004, la moyenne était de 15 000). Et il mise aussi sur des retombées économiques descendues du ciel. On présume que l'argent dépensé au stade n'aurait pas été dépensé ailleurs au Québec. Comme si les spectateurs étaient tous des touristes.

La démarche des investisseurs reste embryonnaire. Ils examinent deux scénarios : acheter une équipe ou s'allier à un propriétaire qui la déménagerait lui-même. Il n'existe pour l'instant qu'un seul candidat : les fragiles Rays de Tampa Bay. Avant de prendre une décision, son propriétaire veut renégocier son contrat de télévision et essayer de construire un nouveau stade. Bref, rien ne bougera bientôt. Et rien ne devrait bouger tant qu'on ne trouve pas un meilleur modèle que la socialisation des coûts.

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