C'est un diachylon qui coûte cher, sans rien régler. Québec a donné 450 000$ à Orléans Express pour l'aider à maintenir ses services en Gaspésie, en Mauricie et dans les Bois-Francs.

Le transporteur dit perdre actuellement 10 000$ par jour. L'aide d'urgence de Québec, qui provient d'un programme déjà existant, ne fait que reporter le problème de quelques semaines. La plaie sera encore béante, et la main du transporteur se tendra à nouveau vers l'État.

Alors que Québec se prépare à couper dans les services publics pour retrouver l'équilibre budgétaire, il ne devrait pas financer un modèle d'affaires périmé.

Orléans Express et Intercar ont raison de dire que l'interfinancement sous sa forme actuelle est en phase terminale. Selon ce modèle, un transporteur reçoit un permis qui lui octroie un monopole sur une ligne payante. Pour Orléans Express (filiale de la grande et profitable société française Keolis), c'est Québec-Montréal.

En contrepartie, le transporteur doit utiliser ces revenus pour desservir des régions éloignées, où le nombre de passagers ne suffit pas à rentabiliser le service. L'idée était bonne, mais elle ne fonctionne plus.

Orléans Express fait moins d'argent avec sa ligne Québec-Montréal. Et il en perd de plus en plus en région. Son bilan financier en 2013: un déficit de 3,5 millions. Et le trou s'annonce encore plus profond cette année.

Orléans Express demande à la Commission des transports (CTQ), qui gère le système de permis, de diminuer ou cesser son service sur six routes. Par exemple, l'année prochaine, il n'y aurait qu'un voyage par jour en Gaspésie, au lieu de 2,5. Et ce service prendrait fin en 2016. On abandonnerait aussi la ligne Trois-Rivières - La Tuque, et celle entre Victoriaville et Thetford Mines.

En plus du covoiturage, Orléans Express et Intercar se disent victimes de la concurrence du train, subventionné par le fédéral. Eux ne reçoivent aucune subvention.

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La CTQ, un organisme indépendant, rendra sa décision dans les prochaines semaines.

La solution ne devrait pas être d'ajouter une couche de subvention. Ceux qui le proposent, au nom de l'occupation du territoire, oublient de regarder les chiffres. Car ce service n'est pas si populaire. Et ce, même si les tarifs en région sont offerts à rabais, grâce au prix élevé pour les lignes achalandées comme Québec-Montréal.

Au lieu de pomper de l'argent public, il faudrait assouplir la règlementation pour diminuer le nombre de voyages et d'arrêts. Et pour en compenser l'impact, il faudrait si possible harmoniser les activités d'Orléans Express, Intercar et des autres transporteurs avec celles du jeune réseau de transport collectif à l'intérieur des régions, comme la RéGîM en Gaspésie. Ce sont ces transports collectifs, utilisés pour les déplacements quotidiens des travailleurs, qui méritent d'être subventionnés en priorité.

Personne ne s'oppose à l'occupation du territoire, mais les bonnes intentions ne doivent pas être confondues avec les bonnes idées.

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