Santé Canada a annoncé cette semaine que le critère d'admissibilité au don de sang, pour les hommes ayant eu une relation sexuelle avec des hommes (HARSHA), sera modifié le 15 août prochain. La période d'abstinence de relations sexuelles passera de 5 ans à 12 mois. Enfin ! a-t-on envie de crier. En espérant qu'un jour, Santé Canada mettra carrément fin à cette mesure. Une politique jugée discriminatoire autant par les militants LGBT que par des médecins et certains de nos élus.

Sans minimiser la sécurité et le risque de contamination par le sang, il demeure déplorable d'exclure tout un groupe, sans tenir compte du comportement des uns et des autres. Depuis trois décennies, la Croix-Rouge, puis Héma-Québec s'obstinent à mettre tous les donneurs homosexuels dans le même panier, alors que les hétérosexuels volages peuvent donner du sang sans être exclus systématiquement en raison de leurs pratiques sexuelles.

Adoptée dans la foulée de l'épidémie du sida et du scandale du sang contaminé, au Canada et ailleurs, cette mesure envers les HARSHA n'a plus raison d'être en 2016,  à la lumière des avancées scientifiques.

Rappelons que les dons sont soumis à des tests rigoureux visant à dépister des maladies infectieuses, comme le VIH.

Le risque de transmission est très faible : 1 sur 30 millions au Québec. 

C'est l'une des raisons de la récente modification de Santé Canada. À la demande d'Héma-Québec et de la Société canadienne du sang, et à l'instar de plusieurs pays occidentaux, les critères d'exclusion des donneurs homosexuels ont été révisés ces dernières années. En Italie, la période d'abstinence est de quatre mois ; en Espagne de six mois ; en Australie, un an. La France abandonnera cet été l'exclusion permanente des homosexuels du don du sang, instaurée en 1983, pour la remplacer par une exclusion de 12 mois.

C'est donc dans l'air scientifique du temps. 

Héma-Québec soutient que la période de 12 mois est motivée par des données scientifiques. « Les hommes gais et autres HARSAH constituent toujours la population la plus touchée au Québec par le VIH et d'autres ITS », selon l'Institut national de santé publique. 

De plus, la sélection des donneurs ne touche pas seulement les gais et les bisexuels actifs. Sur le site d'Héma-Québec, on recense plusieurs groupes visés par des interdictions temporaires ou permanentes. Par exemple, 12 mois d'attente pour les voyageurs qui ont visité un pays d'Afrique ou d'Amérique du Sud, exposés à la malaria ou à d'autres maladies. Les gens qui ont eu un tatouage ou un piercing ne peuvent pas donner de sang avant 26 semaines. Et si vous avez déjà eu, même une seule fois, une injection intraveineuse, vous êtes banni à vie.

Si le risque zéro n'existe pas en science, il est normal de le réduire au minimum. Parlez-en aux hémophiles et aux personnes qui dépendent des banques de sang. Or, la sécurité ne justifie pas l'injustice ni la discrimination. Dans notre monde où la peur de l'autre est galopante, stigmatiser toute une communauté, pour un geste de générosité comme le don de sang, est moralement dangereux, voire contagieux. 

Si le doute de contamination persiste, pourquoi ne pas examiner le comportement sexuel de TOUS les donneurs, peu importe leur orientation sexuelle, et enlever la catégorie concernant les HARSHA ?

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