Les mots. L'argent. Les armes. La boîte à outils de la communauté internationale est peu garnie lorsqu'il est temps de serrer la vis à un pays qui n'en fait qu'à sa tête. Et surtout quand ce pays a un veto au Conseil de sécurité des Nations unies.

Ces jours-ci, la Russie de Vladimir Poutine est dans le camp des États voyous. Son soutien aux séparatistes de l'Ukraine orientale a atteint son paroxysme depuis qu'un avion de Malaysia Airlines a été abattu en plein vol.

Cette semaine, les États-Unis et l'Union européenne ont imposé de nouvelles sanctions à la Russie. Le Canada et d'autres pays ont emboîté le pas. Tout ce beau monde a ciblé les banques étatiques russes, puis freiné le transfert de technologie vers les compagnies pétrolières et l'industrie de la défense. Poutine et sa garde rapprochée sont aussi sur une liste noire.

La Russie a répliqué en remerciant l'Ouest pour ses sanctions, arguant que cela l'obligera à devenir plus indépendante. L'administration Poutine s'est aussi empressée d'imposer des contre-sanctions sur les produits agricoles des pays qui l'ont visée, Canada inclus.

Au-delà de cette bravade du président, peut-on s'attendre à ce que les sanctions aient l'impact espéré sur la Russie, soit d'obliger Poutine à laisser tomber les rebelles séparatistes ?

En général, les sanctions n'ont pas bonne presse. La critique classique avance qu'elles sont toujours moins efficaces contre les régimes autoritaires ,qui n'ont rien à cirer de l'opinion publique. Dans de tels cas, elles ont tendance à faire plus de mal à la population civile qu'aux leaders.

Tout cela est vrai, mais pas coulé dans le béton. Des sanctions musclées ont récemment convaincu l'Iran de revenir à la table des négociations sur la question nucléaire.

Pour être efficaces, note Osler Hampson, du Centre de la gouvernance globale en innovation (CIGI), les sanctions doivent durer pendant un certain temps. Or, du temps, il semble y en avoir peu pour arrêter une intervention militaire imminente de la Russie sur le territoire ukrainien.

Il y a aussi l'autre côté de la médaille, défendu notamment par Michael Ignatieff, de retour à Harvard. Parmi les outils disponibles, les sanctions sont actuellement la seule option.

La diplomatie a montré ses limites et une intervention militaire, comme celle lancée cette semaine par le président Obama en Irak pour protéger la minorité yézidi, semble impensable. Attaquer des airs la bande de brutes de l'État islamique est beaucoup moins risqué que d'entreprendre une guerre contre les alliés d'un des États les plus armés de la planète.

Faute de mieux, les États, dont le Canada, devront se contenter de punir la Russie économiquement, tout en espérant que Vladimir Poutine reviendra dans l'aire diplomatique pour mettre fin au conflit. Car au bout du compte, plus que les armes et l'argent, c'est toujours la négociation qui a le dernier mot.

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