Donner d'une main à la fille aînée, reprendre de l'autre à sa cadette. Voilà ce que vient de faire le gouvernement du Québec en modifiant son financement de programmes d'habitation.

En avril, le gouvernement de Philippe Couillard a annoncé la création d'un nouveau crédit d'impôt à la rénovation. La mesure coûtera quelque 330 millions en deux ans.

Cette semaine, on a appris que la Ville de Montréal suspendait six de ses programmes de rénovation et d'accès à la propriété. La raison? Québec a décidé de ne plus financer la moitié de ces programmes, qui devaient atteindre 23 millions en 2014. Montréal maintient sa part, mais la Ville a vite réalisé qu'elle devrait se limiter aux 1300 demandes de subvention déjà reçues depuis janvier.

Les fonds que Québec retire de ces initiatives montréalaises semblent peser bien peu dans la balance des nouvelles sommes consenties. Cependant, l'argent ne va pas dans les mêmes poches et, du coup, ne sert pas les mêmes intérêts.

Le nouveau crédit d'impôt ne concerne que les propriétaires qui veulent améliorer leur résidence. Les programmes montréalais, pour leur part, tentent de s'attaquer à des problèmes propres à la métropole: freiner l'exode des familles et aider les propriétaires de logements locatifs à améliorer leurs immeubles.

Le problème de rétention des jeunes familles est réel et avait fait l'objet d'un plan d'action du gouvernement péquiste. Bon an, mal an, environ 20 000 personnes quittent l'île pour s'installer en banlieue. Les jeunes ménages sont attirés par les prix beaucoup plus bas du 450. Si une maison unifamiliale coûte en moyenne 376 000$ à Montréal, sur la Rive-Sud, le prix moyen est de 274 000$.

Le programme montréalais d'accession à la propriété touché par le retrait de Québec offre aux familles une subvention pouvant atteindre 12 500$ pour acheter un logement. De 2010 à 2013, 5723 familles ont pu s'en prévaloir. Leur nombre dégringolera.

Les nouvelles règles ont aussi lieu d'inquiéter les propriétaires d'immeubles locatifs, qui voient une source de subvention se tarir. Comme ils ne peuvent refiler la facture à leurs locataires en haussant les loyers - les règles actuelles de la Régie du logement permettent d'amortir les travaux majeurs sur une période de 38 ans -, ils risquent d'hésiter avant de se lancer dans de grands chantiers, souvent nécessaires. Du coup, des locataires verront leur logement se détériorer.

Il est louable que le gouvernement du Québec investisse davantage dans la rénovation, mais avant de se retirer de programmes déjà en place, il devra se demander s'il ne tape pas sur le mauvais clou.

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