Pour justifier la hausse surprenante des taxes imposée aux Montréalais, Valérie Plante dit avoir déposé un « budget de transition ». Un budget, a-t-elle ajouté, qui « ressemble énormément » à celui qu'avait présenté Denis Coderre quelques semaines après sa propre élection, en 2013.

C'est inexact, malheureusement. Car le budget de l'an 1 de son prédécesseur avait le mérite d'exercer un contrôle serré des dépenses, dont on limitait la croissance à un minuscule 0,3 % (contrairement à l'impressionnant 5,2 % de Valérie Plante). 

S'il fallait donc trouver un comparable au budget 2018, il faudrait revenir plus loin en arrière. Il faudrait dépoussiérer un vieux budget de Gérald Tremblay : celui qu'il a déposé en 2005, le premier de son deuxième mandat. 

La ressemblance est frappante quand on met les documents et les explications côte à côte ! 

Dans les deux cas, les dépenses bondissent d'environ 5 %. 

À l'époque comme aujourd'hui, on justifie cela par des « dépenses exceptionnelles », hors du contrôle de la mairie. 

On suscite, dans un cas comme dans l'autre, la colère des villes de banlieue en augmentant de manière abrupte leur quote-part. On soutient n'avoir d'autre choix que de hausser la taxe d'eau de toute urgence... ce qui, malheureusement, tire vers le haut le fardeau fiscal global des contribuables. 

Et donc, que ce soit en 2005 ou en 2018, l'administration se voit dans l'obligation de briser sa promesse faite solennellement aux électeurs... quelques semaines plus tôt. Et la colère citoyenne se déchaîne aussitôt. 

Mais s'il existe des ressemblances entre les deux situations, il y a aussi deux différences majeures. Gérald Tremblay, d'abord, avait dévoilé son budget en s'excusant d'avoir été incapable d'honorer son engagement, contrairement à la mairesse qui persiste à le nier. 

Et surtout, devant l'ampleur de la critique, le maire avait alors courageusement décidé de... reculer. 

« J'ai ébranlé, sans le vouloir, le lien de confiance que j'avais établi avec la population, avait affirmé Gérald Tremblay. Et je le regrette. Pour moi, cette confiance est essentielle pour développer et défendre les intérêts de Montréal. » 

« Nous allons donc revoir le budget, avait-il ajouté, pour rétablir ce lien de confiance. » 

Voilà ce que devrait aujourd'hui dire Valérie Plante. 

Voilà ce que devrait faire l'administration qu'elle dirige avec Benoit Dorais. 

La mairie répond qu'il est impossible de réécrire le budget, que « l'écart entre les dépenses et les revenus est énorme » et qu'elle a donc dû « faire des choix ». 

Oui. On comprend. Mais Gérald Tremblay aussi, avait dû faire des choix douloureux pour réussir à déposer un nouveau budget un mois plus tard. Un budget qui, avec l'effort, avait fini par respecter la promesse de ne pas hausser le fardeau fiscal global. 

Pour ce faire, le maire avait alors dû réduire des dépenses et retarder la mise en service de projets, comme l'implantation du 311 et l'intégration des policiers dans le métro. Un recul nécessaire, qui lui avait probablement permis de payer un coût politique moindre que celui qu'il aurait essuyé s'il s'était entêté. 

Et il serait aujourd'hui impossible de rééditer le mea culpa de Gérald Tremblay ? Car les finances de la Ville ne le permettent vraiment pas cette fois ? Et pourquoi, au juste ? 

N'est-ce pas la candidate Valérie Plante qui, en octobre dernier, en pleine élection, affirmait qu'il n'y a rien de plus facile que de couper dans les dépenses de la Ville ? 

Elle soutenait alors qu'il suffisait « d'éliminer les dépenses liées aux lubies » de Denis Coderre pour redresser les finances de Montréal. Il suffisait d'abandonner « les bureaux, les structures » et toutes ces dépenses faites  par l'administration précédente « avec très peu de suivis et de contrôle » pour équilibrer le budget. 

L'aspirante mairesse se disait alors, à l'époque, « déterminée » à gérer les finances de la Ville de façon « rigoureuse et transparente ». Elle affirmait avec conviction, il y a à peine trois mois donc, qu'un « changement de cap drastique est nécessaire quant aux dépenses extravagantes de son adversaire à la mairie ». 

Et la candidate concluait avec cette phrase... que la mairesse aurait aujourd'hui intérêt à relire : « Une administration responsable ne doit pas que faire des promesses pendant une campagne électorale, elle doit penser à équilibrer le budget. » 

En effet. 

CE QUE LA CANDIDATE PLANTE DISAIT EN OCTOBRE DERNIER...

Rigueur

« Projet Montréal va gérer l'argent des Montréalais avec rigueur et dans la plus grande transparence. »

Profondeur

« Les dépenses superflues seront éliminées et une analyse des économies potentielles à faire sera réalisée. »

Responsabilité

« Une administration responsable ne doit pas que faire des promesses pendant une campagne électorale, elle doit penser à équilibrer le budget. »

Saine gestion

« C'est une question de responsabilité et de saine gestion des fonds publics. »

Source : Valérie Plante, 9 octobre 2017

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