Il y a 10 ans aujourd'hui, les Nations unies adoptaient une déclaration historique sur les droits des peuples autochtones. Une déclaration ambitieuse, fruit de 20 longues années de négociations, avec laquelle le Canada entretient depuis une relation difficile.

Ce fut le cas sous Stephen Harper, c'est le cas sous Justin Trudeau...

Adopté le 13 septembre 2007, le document n'offre pourtant pas la lune aux Premières Nations. Il prend essentiellement la forme de normes pour la survie, le bien-être et les droits des autochtones, certaines minimales, d'autres ambitieuses. Il décrit leurs droits individuels en matière de logement et d'éducation. Et il détaille leurs droits collectifs liés à la terre et à l'autodétermination.

Pas moins de 143 États l'ont d'ailleurs appuyé à l'époque, saluant sa nécessité et son caractère consensuel. Mais quatre pays s'y sont néanmoins opposés, incluant le Canada que dirigeait alors Stephen Harper.

Puis sous la pression, le refus du premier ministre s'est quelque peu ramolli : trois ans plus tard, il décidait de signer finalement la déclaration, à la condition stricte qu'elle ne modifie pas les lois canadiennes.

Ottawa disait oui, bref, pourvu que cela ne change rien à rien.

Aujourd'hui, il en va autrement. Le Canada peut se féliciter d'avoir fini par embrasser la déclaration sans condition ni réserve. Le gouvernement Trudeau l'a d'ailleurs annoncé sous les vivats, l'an dernier, devant l'ONU.

Et en ce sens, Justin Trudeau est cohérent avec lui-même, étant donné que les principes édictés par son gouvernement en juillet dernier ressemblent aux articles de la déclaration. On ne parle plus seulement d'autonomie, mais d'une nouvelle relation financière à forger. On ne se contente plus de consulter les autochtones, on s'oblige à obtenir leur consentement préalable.

Tout va bien, donc, et la réconciliation est pour demain? Pas tout à fait.

Le problème, c'est que les principes des libéraux ne sont que des principes. Ils peuvent être mis de côté au premier changement de gouvernement. On repassera donc pour le renouvellement durable de la relation entre le Canada et les peuples autochtones.

L'argument vaut aussi pour la Déclaration de l'ONU, qui n'est pas juridiquement contraignante... et que le gouvernement Trudeau se refuse justement à rendre contraignante.

Autrement dit, les libéraux se distinguent des conservateurs en appuyant «pleinement et sans réserve» la déclaration des Nations unies. Mais comme eux, ils refusent qu'elle modifie les lois canadiennes...

Les paroles sont donc plus positives qu'il y a 10 ans, mais elles n'en restent pas moins, pour l'instant, des paroles, des intentions, des promesses. Précisément la critique qu'on entend souvent à l'endroit de Justin Trudeau.

En ce sens, l'inscription de la Déclaration des droits des peuples autochtones dans les lois fédérales pourrait constituer un geste fort, même si ce choix politique serait encadré par la jurisprudence moins généreuse développée par la Cour suprême. C'est d'ailleurs ce que recommandait la Commission de vérité et réconciliation, et c'est ce que vise le projet de loi privé C-262 du député du NPD Roméo Saganash.

Cela prouverait la volonté du premier ministre. Cela prouverait aussi que le Canada est prêt à être bousculé par un réajustement du rapport de force avec les Premières Nations, ce qu'imposera forcément la réconciliation.

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