Oui, il est possible de marcher et de mâcher de la gomme en même temps...

C'est l'une des conclusions passées plutôt inaperçues du rapport sur les enjeux énergétiques, dévoilé la semaine dernière. Un rapport qui trace les grandes lignes d'une stratégie permettant à la fois de produire du pétrole et d'en réduire la consommation, tout en améliorant le bilan carbone du Québec.

Tourné en ridicule par les opposants à l'exploration, ce scénario est pourtant réaliste, voire souhaitable aux yeux des commissaires Mousseau et Lanoue.

«En 2050, le pétrole demeurera une source d'énergie incontournable au niveau mondial. Le Québec ne fera pas exception», écrivent-ils en rappelant que le secteur des transports des personnes et des marchandises, tant par route que par avion, bateau et rail, carbure au pétrole à... 99,2%.

Plutôt que de se battre contre tous les projets pétroliers sans discrimination, les opposants auraient peut-être plus à gagner à exiger, comme l'ont fait le maire Coderre et l'écologiste Steven Guilbeault jeudi dernier, un encadrement réglementaire sévère qui peut être resserré avec le temps.

C'est ce que prône justement le rapport Mousseau-Lanoue qui souligne l'importance d'intégrer à la future politique énergétique «les dispositions nécessaires pour assurer la disponibilité de la ressource et l'encadrement des activités d'exploration et d'exploitation pétrolière et gazière au Québec».

Autrement dit, il faut encadrer à la fois l'exploration, le transport et la consommation du pétrole plutôt que d'espérer s'en sevrer du jour au lendemain.

Un immense défi, évidemment. Mais un défi surmontable, nous dit la Commission, à condition qu'on réduise la demande pétrolière et les gaz à effet de serre en transformant la fiscalité, les modes de transport et l'aménagement du territoire en amont, et qu'en aval, on s'assure d'imposer un encadrement des plus exigeants.

Pour Anticosti, cela signifie une modernisation du cadre légal et réglementaire afin de baliser l'utilisation de la fracturation, de définir les mécanismes d'allocation de permis, de préciser les exigences environnementales et d'améliorer le système de redevances. Une promesse que le gouvernement Marois n'a toujours pas honorée, d'ailleurs.

Pour l'oléoduc 9b d'Enbridge (renversement d'un pipeline existant entre l'Ontario et Montréal), cela signifie notamment la prise en compte des conditions posées l'automne dernier par l'Assemblée nationale, dont l'existence d'un important fonds de prévoyance pour couvrir les risques liés à la sécurité et à l'environnement.

Et pour l'oléoduc Énergie Est de TransCanada (Alberta au Nouveau-Brunswick, en passant par le Québec), cela signifie de bien soupeser les risques environnementaux par rapport aux retombées économiques et sociales, peut-être par l'entremise d'une étude du BAPE.

Évidemment qu'on se porterait mieux collectivement s'il était possible de tourner complètement le dos aux hydrocarbures. Malheureusement, soulignent les commissaires, «la réalité est toute autre».

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