Les règles de gouvernance ont peut-être changé à la FTQ... mais certainement pas l'attitude de matamore de ses dirigeants, qui continuent de blâmer tout ce qui bouge pour expliquer leurs déboires.

Le nombre et la gravité des révélations qui ont durement miné la crédibilité de la Fédération des travailleurs du Québec ces derniers mois auraient dû inciter son nouveau président à plus de contrition, ou du moins à plus de retenue, lors de sa première sortie publique de 2014.

Au contraire, Daniel Boyer a marché dans les pas de son prédécesseur déchu en attaquant à boulets rouges tous ceux qui, à ses yeux, sont responsables de la fâcheuse position dans laquelle se trouve la FTQ aujourd'hui - seules les cibles ont quelque peu changé.

Michel Arsenault dénonçait en novembre dernier les «attaques antisyndicales féroces relayées par des médias au service de la droite néolibérale» qu'incarne selon lui le tandem Régis Labeaume et Pierre Karl Péladeau, alors que M. Boyer a choisi de diriger ses canons vers «la monté de la droite» en général, le gouvernement Harper en particulier, et aussi... France Charbonneau!

«On peut bien s'acharner et faire témoigner l'ensemble du membership de la FTQ, mais je pense qu'on a suffisamment d'informations. Je pense qu'elle (la juge Charbonneau) s'acharne. (...) Elle a assez de stock comme ça», a lancé Daniel Boyer.

Une envolée surréaliste de la part d'une organisation accusée hier encore d'avoir frayé avec la mafia, d'avoir favorisé les petits amis, d'avoir tenté de limiter l'accès de la Commission aux écoutes électroniques de la police.

«Il faut maintenant s'attaquer aux vrais problèmes (sic)», a clamé M. Boyer avant de tirer sur tous ceux qui osent poser des questions sur les agissements passés de la FTQ, qui demandent une meilleure reddition de comptes à la centrale ou qui remettent en question quoi que ce soit qui touche de près ou de loin à cette dernière.

Ironiquement, la Fédération adopte du coup les mêmes stratégies belliqueuses que ses «ennemis» déclarés : fermer les portes, enterrer le passé, se positionner en victime et surtout, attaquer sur tous les fronts.

Précisément ce que font les conservateurs à Ottawa en montrant du doigt la gauche à tout bout de champ, en lui imputant tous ses problèmes, en refusant de rendre des comptes, en se contenant d'attaques en lieu et place d'excuses et d'explications.

Entendons-nous, c'est de bonne guerre pour la centrale de mener le combat contre un gouvernement dont elle n'aime pas les positions, contre l'abolition de la formule Rand ou la réforme de l'assurance-emploi. Mais qu'elle concentre ses énergies à protéger les acquis des syndiqués plutôt qu'à se protéger contre les médias et France Charbonneau...

Si la FTQ a reconnu certains écarts (du bout des lèvres) ces derniers mois, c'est parce que les journalistes et la commission Charbonneau l'ont talonnée de près. Aujourd'hui, elle aimerait qu'on la laisse tranquille sous prétexte qu'elle a fait table rase des mauvaises habitudes du passé. Or, la sortie de dimanche démontre qu'elles n'ont pas toutes disparu.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion