En matière économique, comme dans bien d'autres domaines, Montréal est capable du meilleur comme du pire. La métropole connaît une hausse démographique, mais affiche un solde migratoire négatif. Elle profite d'un record d'investissements publics, mais peine à attirer des fonds privés. Elle est championne de l'innovation, mais affiche une faible croissance du PIB. Elle perce dans des secteurs d'avenir, mais souffre d'un taux de chômage plus élevé qu'ailleurs.

Bref, Montréal est une drôle de bibitte, résiliente, attirante et prometteuse, mais aussi préoccupante à ses heures, handicapée par plusieurs faiblesses qui l'empêchent de briller comme elle le pourrait. Et pourtant, la plupart des candidats à la mairie n'ont aucune solution à proposer pour relancer l'économie de Montréal à ce moment charnière...

La chose était frappante, lundi. En matinée, François Legault détaillait son «Projet Saint-Laurent» sur toutes les tribunes. Son souhait: développer autour du havre un «cluster» réunissant des centres de recherche et des industries de la nouvelle économie.

À midi, au Cercle canadien, c'était au tour du patron de BMO Groupe financier, Jacques Ménard, de dévoiler sa vision de la métropole. S'appuyant sur les moyens qu'ont pris différentes villes pour se relever après une période difficile, il a lancé des idées concrètes pour donner un second souffle à Montréal.

Puis vint le débat économique des chefs, en soirée. Un débat qui a enfin permis à l'économiste Marcel Côté de se distinguer, mais surtout, qui a permis de confirmer que l'économie n'est la tasse de thé ni de Richard Bergeron, ni de Mélanie Joly, ni de Denis Coderre. 

Contrairement à M. Côté qui offre plusieurs solutions à court et moyen termes, les candidats se sont généralement contentés de ressasser leurs promesses en transport et en urbanisme en les enduisant d'un vernis économique.

Entendons-nous, c'est notamment en ayant une ville attirante, un bon réseau de transport en commun et une bonne mixité sociale qu'on retient les étudiants internationaux, qu'on attire les entreprises, qu'on favorise les investissements. 

Mais le développement économique requiert plus que cela. Surtout à Montréal, une ville qui souffre d'une fiscalité commerciale défavorable, d'un charabia de structures administratives, d'un réseau de transport des marchandises déficient, d'une sédimentation des organisations de soutien à l'entrepreneuriat, d'une multiplication de grappes à ne plus savoir sur laquelle se concentrer, etc.

Or à ces problèmes, les candidats ont peu de solutions. Il faut certes rendre la métropole plus belle et fluide, mais les villes citées par M. Ménard ont fait davantage: Manchester a tout misé sur ses pôles de transport (port, aéroport et métro), Philadelphie a diminué ses dépenses pour réduire les taxes commerciales, Melbourne a déroulé le tapis rouge aux grands événements sportifs, etc. 

L'enseignement à tirer de ces cas étrangers, selon M. Ménard: «définir des priorités, investir dans ses priorités, promouvoir ses priorités.» Précisément ce qu'a eu tant de difficultés à faire l'administration Tremblay ces 10 dernières années. Précisément, aussi, ce qui manque dans les plateformes économiques de la plupart des candidats.

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