Le nez collé sur nos scandales, on en vient à désespérer de la politique municipale. On regarde à Montréal, à Laval, à Toronto, et on semble n'y voir que des histoires de corruption, de collusion, de prostitution, de consommation confirmant les pires préjugés sur la politique locale.

Mais loin du cynisme dans lequel nous plongent ces histoires d'horreur, il y a Calgary, une ville éprouvée par de graves inondations, une ville, surtout, dirigée par un maire dont la plus grande force est précisément celle qui fait défaut à Montréal, Laval, Toronto...

Naheed Nenshi est en effet un maire hors du commun qui jouit d'une popularité inégalée dans les villes canadiennes, ce qu'a confirmé encore un peu plus son leadership des derniers jours.

L'ascension fulgurante de cet ancien professeur d'université inconnu du grand public est exceptionnelle: il ne récoltait que 8% d'appui lorsqu'il s'est présenté à la mairie en 2010, a fait grimper ce taux à 30% durant la campagne, et a fini avec plus de 40% des votes au jour J. Plus encore, sa cote d'approbation dépassait les 75%... avant les inondations qu'il a su gérer avec brio.

Au cours des derniers jours, Macleans a ainsi parlé d'un «phénomène national», le Globe and Mail l'a qualifié de «politicien le plus populaire au pays» et plusieurs l'ont comparé à un super héros, allant jusqu'à juxtaposer sa photo sur les publicités de Superman.

Les candidats à la mairie de Montréal auraient intérêt à prendre note, car le maire Nenshi a su se distinguer par ce qu'il a donné à ses concitoyens: espoir et confiance. Des denrées rares aujourd'hui.

Le principal mérite de M. Nenshi, en effet, est d'avoir changé l'humeur de la ville en montrant l'exemple, d'avoir insufflé une dose d'espoir à ses concitoyens en les convaincant que demain sera mieux.

Exactement comme l'a fait Régis Labeaume à Québec. Mais le grand mérite de Nenshi est d'en avoir fait un effort collectif plutôt qu'un exploit individuel: il a misé sur une responsabilisation des citoyens plutôt que sur ses seules qualités personnelles.

On l'a vu au cours des derniers jours, alors qu'il a fait appel au sens du devoir et de la solidarité de tous les Calgariens. Et on l'a vu au cours des trois années précédentes, alors qu'il ne s'est jamais départi de son macaron mauve arborant un «3» bien en évidence.

Cela fait référence au pacte qu'il a proposé: le maire promet de travailler pour les citoyens, mais en échange, ces derniers doivent s'engager à travailler pour la Ville en accomplissant «3 gestes pour Calgary». Un échange qui a pris tout son sens ces derniers jours alors que le maire Nenshi a travaillé sans relâche durant 43 heures d'affilée, les deux pieds dans l'eau, un dévouement qui a provoqué un raz-de-marée de solidarité.

La crise qui a frappé Calgary n'a rien à voir avec la crise de moralité qui secoue la région de Montréal. Mais la solution est la même: redonner confiance aux citoyens par le leadership et l'exemplarité.

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