Il y a 17 mois, François Legault ne croyait pas nécessaire de revoir la gouvernance à Montréal. Mais quelques mois plus tard, jugeant soudainement la métropole «quasi ingouvernable», il proposait de réduire le nombre d'élus à 50. Aujourd'hui, soutenant que la ville est finalement «ingouvernable», il propose de ramener le nombre d'élus à 61 «sans délai».

Ou bien la CAQ peine à comprendre les dysfonctionnements qui affligent la métropole, ou elle tente de se faire du capital politique sur son dos...

On s'entend, Montréal est minée par des problèmes de gouvernance. Certains dossiers sont difficiles à mener à terme ou se perdent dans les méandres de l'administration, mais le nombre d'élus, en soi, n'y est pour rien.

Vrai, il y a moins de conseillers municipaux à Toronto et Chicago. Et puis alors? Quel est le lien entre cette bête comparaison et les problèmes de productivité de la métropole? Est-on capable de nommer un seul dossier bloqué en raison du nombre d'élus?

Réduire la taille du conseil municipal pour économiser un ou deux millions, on peut en discuter. Mais faire passer cette solution pour une panacée est non seulement simpliste, mais aussi populiste. On coupe une branche en tentant de faire passer cela pour un élagage de structures...

Prenez le dossier du SRB Pie-IX, il est ralenti non par le nombre d'élus, mais par la multiplication des organisations impliquées. Prenez les interminables travaux de voirie, leur durée n'a rien à voir avec le conseil municipal, mais avec le nombre de réunions de fonctionnaires et de services. Prenez les frictions dans l'aménagement du transport, elles sont liées au chevauchement de compétences entre l'AMT et la CMM, non pas à l'implication des simples conseillers municipaux.

Or la Coalition n'évoque aucun de ces problèmes. Elle se contente de fusionner quelques arrondissements de façon arbitraire et de transformer des «maires» en «présidents».

On peut bien le faire, on peut diminuer bêtement le nombre de conseillers et d'arrondissements. Mais de grâce, ne promettons pas de «relancer» ainsi Montréal ou de lui donner «un nouveau départ», comme l'affirme pompeusement la Coalition.

Au contraire, on risque de créer une nouvelle bataille sur l'île au nom des arrondissements qui disparaîtront, et ce, pour quelques changements sans grande importance. On gaspillerait ainsi une excellente occasion de revoir en profondeur la gouvernance de Montréal, qui en a bien besoin.

Pour s'en convaincre, on n'a qu'à lire l'étude sur Montréal faite par l'OCDE en 2004, le récent rapport Léonard sur l'octroi des contrats ou le rapport Côté-Séguin de 2010, que citait d'ailleurs la CAQ lundi.

Sans jamais évoquer le nombre d'élus ou d'arrondissements, ils proposent tous un travail complexe de réorganisation des structures, d'élimination d'organisations et de révision méticuleuse des pouvoirs de chacun. Un travail d'orfèvre certes plus complexe, qui titille moins l'intérêt des électeurs, mais qui apporterait beaucoup plus à Montréal que la soi-disant «diète miracle» de la CAQ.

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