Montréal est à un tournant. Les révélations de la commission Charbonneau, la dissolution du régime Tremblay-Zampino et les grands projets d'infrastructures ouvrent la porte à un renouveau, ou à tout le moins à un nouvel élan pour la métropole.

Et pourtant, à 30 semaines d'une élection cruciale pour l'avenir de la ville, les deux seuls candidats en lice sont... les deux chefs de l'opposition!

Où sont tous ces gens qui se désolent de l'état dans lequel se trouve la métropole? Où sont les candidats de l'extérieur, le sang neuf, la relève? Où sont les nouvelles solutions, les projets inattendus, les débats d'idées?

Louise Harel et Richard Bergeron proposent certainement une autre façon de gouverner que celle ayant miné la métropole au cours de la dernière décennie. Mais avec la très probable candidature de Denis Coderre, Montréal s'aligne néanmoins sur une redite de la dernière élection, un scénario qui n'a rien d'emballant à ce moment charnière.

Ce dont la métropole a le plus besoin, c'est un maire fort élu avec un mandat clair et des idées précises, seule façon d'apporter les changements et les réformes nécessaires. Or une lutte à trois similaire à celle de 2009 risque de donner des résultats... similaires à ceux de 2009 : un éparpillement des voix, un vainqueur fort du tiers des voix, un mandat difficile.

En cause, l'incapacité de ces deux partis de se rallier malgré une idéologie plus commune qu'ils ne l'avouent. N'ayant tiré aucune leçon de la dernière élection perdu aux mains d'un homme entaché par les scandales, les chefs de Projet et de Vision Montréal se regardent en chien de faïence, tournant le dos à une alliance ou à un changement de direction, espérant faire mieux cette fois, espérant surtout que leur adversaire libéral trébuchera...

C'est un pari risqué... et peu inspirant. À moins qu'un Michel Labrecque, un Raymond Bachand ou un Gilbert Rozon ne viennent brasser la cage, rien ne laisse croire que Projet et Vision Montréal réussiront des percées en dehors de leurs châteaux forts.

Louise Harel dirige un parti endetté à forte allégeance péquiste en plus d'avoir été l'instigatrice des fusions et de peiner en anglais. Elle se présenterait avec Howard Galganov qu'elle aurait de la difficulté à percer à l'ouest de Saint-Laurent...

Richard Bergeron propose certes des idées intéressantes, mais sa difficulté à faire des compromis et son image «antiautos» nuisent à sa candidature. Malgré une base très mobilisée, Projet Montréal demeure ainsi l'apanage d'une certaine gauche concentrée dans l'axe Rosemont-Plateau-Villeray.

Il est vrai que bien des choses peuvent survenir au cours des prochains mois. Les témoignages de Frank Zampino et Gérald Tremblay devant la commission Charbonneau pourraient d'ailleurs y contribuer.

N'empêche, il reste de moins en moins de temps pour s'organiser, se financer, se lancer. Le mois d'avril constitue habituellement, à Montréal, une date limite pour se placer au fil de départ. Espérons que cette élection fasse exception. Espérons que tout soit encore possible.

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