Le projet a été discuté pendant plus de 40 ans. Il a été annoncé une demi-douzaine de fois. Son coût est passé du simple au double. Mais depuis samedi, le prolongement de l'autoroute 30 est enfin chose faite avec l'ouverture du tout dernier de ses multiples tronçons.

Bien que l'heure ne soit plus à la construction de nouvelles autoroutes dans la région, ce projet routier est, néanmoins, une excellente nouvelle pour la métropole.

D'abord, il ne s'agit pas tant d'un élargissement routier que d'un parachèvement qui aurait dû voir le jour dès les années 60. Initialement, l'ancienne «route 3» devait en effet relier l'ensemble des municipalités industrielles de la Rive-Sud, entre Valleyfield et Bécancour. Mais pour toutes sortes de raisons, le prolongement s'est fait par à-coups, sans jamais être complété.

Ensuite, ce lien routier suivant le fleuve est devenu, au fil du temps, l'unique voie de contournement de l'île au sud. Mais puisqu'il lui a toujours manqué des tronçons, il n'a jamais vraiment pu jouer ce rôle, obligeant camions et voitures à emprunter la route 132 et ainsi, à traverser plusieurs municipalités à pas de tortue...

Le parachèvement de la 30, qui sert moins à ajouter de la capacité automobile qu'à mieux distribuer la circulation, s'imposait donc. Pour redonner une certaine quiétude aux villes traversées par la circulation de transit. Pour soulager les autoroutes qui traversent l'île. Et pour doter la région d'un «périphérique» capable d'accueillir les véhicules lourds circulant entre les États-Unis, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et le Québec.

Le prolongement de l'autoroute 30, contrairement à celui de la 25, apporte ainsi au réseau routier supérieur de la métropole une valeur ajoutée, dont profiteront maintenant les automobilistes, les camionneurs, ainsi que l'économie et l'environnement de Montréal, par l'entremise d'une plus grande fluidité des routes et des échanges.

En plus de la voie de contournement, cela permettra à la fois de réduire les gaz à effet de serre sur l'île, d'apaiser la congestion pendant les méga-chantiers de Turcot et Champlain, tout en offrant à la région un lien alternatif en cas d'entraves majeures. Souvenons-nous du carambolage sur l'autoroute 20 qui avait paralysé Montréal en septembre 2004...

Cela dit, malgré tous les avantages d'un tel parachèvement, la vigilance sera de mise pour la suite des choses, car qui dit route dit étalement. Précisément ce que la région s'est engagée à encadrer, voire à réduire avec le Plan métropolitain d'aménagement. Il faudra donc profiter de ce nouveau lien routier davantage pour densifier et consolider l'existant que pour développer et s'étaler.

Il est rare que l'ajout d'une nouvelle route soit une bonne chose tant pour l'économie que pour l'environnement. Mais ce très attendu prolongement autoroutier en a bel et bien le potentiel.

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