Au cours des prochains jours, les élus du conseil municipal de Montréal se réuniront pour choisir le successeur de Gérald Tremblay. Ce maire de transition proviendra, bien évidemment, des rangs du parti majoritaire, Union Montréal.

Or, que les membres de cette formation le veuillent ou non, cette administration provisoire souffrira d'un déficit de légitimité, une situation qu'elle devra prendre très au sérieux.

Le nouveau maire, en effet, ne sera pas élu au suffrage universel, comme le veut la tradition. Il ne sera donc pas choisi par les citoyens, mais plutôt coopté par les conseillers municipaux. En outre, il sera issu d'un parti miné par des allégations de financement occulte, un parti qui pourrait bien être montré du doigt à nouveau au cours des prochains mois dans le cadre de la commission Charbonneau.

On n'y échappe pas, cela dit, car les solutions alternatives, à commencer par la tenue d'élections anticipées, ne sont guère mieux. Elles impliquent toutes leur lot d'effets démocratiques pervers. On n'a donc d'autre choix, dans le contexte actuel, que de suivre le processus prévu dans la loi à la suite de la démission du maire... même si cela implique la cooptation d'un élu d'un parti sur la sellette.

C'est donc sur des oeufs que marchera le maire de transition. Il devra faire preuve de tact et d'ouverture, de prudence et de collaboration, de jugement et de respect. Il devra privilégier le bien commun, non pas la partisanerie. Il devra, plus que tout, parler au nom de Montréal, non pas d'Union Montréal.

C'est dans ce contexte qu'il faut analyser la proposition faite hier par Richard Bergeron, à laquelle Louise Harel s'est aussitôt ralliée: la nomination d'un comité exécutif de coalition.

Voilà une façon originale de travailler en collégialité, comme ont tous promis de le faire les partis présents au conseil municipal. Voilà aussi une façon d'être fidèle à la devise de Montréal, Concordia Salus (le salut par la concorde), comme l'a rappelé Mme Harel.

Créée en 1833 par le premier maire de la Corporation de la Cité de Montréal, Jacques Viger, cette devise visait justement à encourager la bonne entente entre les peuples de l'époque, dans un contexte de grandes tensions. Un intéressant clin d'oeil de l'histoire...

Il suffirait donc, pour le prochain maire, de tendre la main à Vision Montréal et Projet Montréal en leur offrant chacun un siège au comité exécutif, l'équivalent montréalais du conseil des ministres. Un tel scénario, bien qu'il ait été exploré par le passé, n'est pas dans les coutumes de la métropole. Mais à circonstances exceptionnelles, solutions exceptionnelles...

Cela, d'abord, lancerait un message d'unité au moment où la métropole en a le plus besoin. Cela permettrait une prise de décision transparente par une formation qui ne peut se permettre aucune cachotterie. Et cela, surtout, comblerait en partie le déficit de légitimité qui pourrait bien miner la bonne marche de Montréal d'ici le 3 novembre 2013.

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