L'administration Tremblay a décidé de suspendre l'octroi des contrats d'infrastructures les moins urgents afin d'empêcher les entreprises douteuses de soumissionner. Elle s'assure ainsi de faire respecter l'esprit de la loi anticollusion avant sa révision.

«En tant que maire de Montréal, a indiqué Gérald Tremblay, j'ai le devoir de protéger les intérêts des contribuables.»

Fort bien. Mais en se contentant d'agir sur le front de la collusion sans toucher à la corruption, le maire s'assure surtout de protéger les siens...

En effet, les allégations entendues à la commission Charbonneau touchent non seulement les manigances d'entreprises véreuses, mais aussi les machinations politiques nécessaires pour qu'un tel système ait pu prendre racine.

Lino Zambito a raconté comment les appels d'offres étaient contournés, mais aussi comment ils étaient truqués, et comment, selon lui, le politique en profitait financièrement. Il a ainsi montré du doigt l'ancien numéro 1 de la Ville, Robert Abdallah. Il a mis en cause l'ancien numéro 2 de l'administration Tremblay, Frank Zampino. Et surtout, il a directement impliqué le parti du maire, Union Montréal.

Et que fait Gérald Tremblay? Il suspend trois subalternes de la Ville et rejette d'un revers de main toutes les allégations qui concernent sa formation et son entourage. «On m'a assuré que tout s'est fait dans les règles de l'art», s'est-il borné de répondre. «Ce qui a été dit sur le parti n'a pas été prouvé», a ajouté le vice-président du comité exécutif.

Mais comment justifier que du côté administratif on prend les allégations suffisamment au sérieux pour suspendre des employés et revoir l'attribution de contrats, mais que du côté politique, on refuse d'agir sous prétexte qu'il n'existe pas de preuves?

Un peu de cohérence! Les allégations de Lino Zambito sont extrêmement préoccupantes. Elles recoupent des témoignages déjà entendus. Elles éclaboussent le parti politique du maire de Montréal. Ce dernier ne peut donc pas les ignorer, se cacher, se dérober.

Il doit répondre de manière précise aux interrogations soulevées. Était-il au courant que des bagmen demandaient 3% au nom de son parti? Cet argent se ramassait-il dans les coffres d'Union Montréal?

S'il savait, qu'il quitte. S'il ne savait pas, qu'il le dise publiquement. Qu'il propose à la commission Charbonneau de témoigner sous serment dès que possible. Qu'il demande au Directeur général des élections de se replonger dans les livres de son parti. Qu'il promette de remettre aux autorités tout l'argent sale trouvé, comme le Parti libéral du Canada l'a fait avant lui.

Pas besoin d'appeler la SQ ou le SPVM, comme le demande l'opposition. L'UPAC et l'escouade Marteau sont déjà à l'oeuvre. Et le rapport de la commission fera la lumière sur les malversations alléguées.

Mais en attendant, si le maire tient tant à se cramponner à son siège, il doit dissiper les doutes sur son intégrité, il doit retrouver une certaine crédibilité. Bref, il doit montrer qu'il prend l'ensemble des allégations au sérieux. Pas juste celles qui ne le concernent pas directement.

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