Chaque année depuis plus de 30 ans, les écologistes profitent du 22 avril pour célébrer le Jour de la Terre et du coup, la naissance du mouvement environnemental. Mais cette année, les raisons de fêter sont bien peu nombreuses, ce qui explique peut-être que l'environnement ne sera qu'un enjeu parmi d'autres lors de la grande marche de demain...

Après avoir connu une période dorée pendant laquelle citoyens, élus, médias et entreprises se sont joints à leur combat, les écolos se retrouvent en effet, aujourd'hui, en proie à un douloureux constat: celui de l'échec.

Certes, le mouvement environnemental peut se vanter de plusieurs victoires en lien avec l'enjeu érigé en priorité: le climat. Il a provoqué une remise en question de nombreux petits gestes. Il a sensibilisé la société aux dangers des gaz à effet de serre. Il a même déclenché une mobilisation internationale contre les changements climatiques.

Mais il a néanmoins échoué, comme l'a reconnu David Suzuki il y a quelques jours, en évoquant «l'impasse» dans laquelle se trouve le mouvement. Car au-delà de ses victoires à la pièce, ce dernier a été incapable de changer durablement le système économique à l'origine des maux qu'il combat.

La preuve en est la facilité avec laquelle la société a réussi à passer à un autre appel depuis la crise économique de 2008. Les citoyens, aujourd'hui, sont moins intéressés par les questions écologiques. Les médias ont diminué au minimum leur couverture environnementale. Les entreprises ont réduit les ressources affectées à cet enjeu. Et la communauté internationale croit de moins en moins à une suite à Kyoto.

Plus encore, les gouvernements ont réussi à transformer l'environnement de priorité à bouc émissaire. Stephen Harper a abandonné Kyoto et a fait une cible des écolos. Nicolas Sarkozy s'est élevé contre cet enjeu qui nuit à la création d'emplois. Et Barack Obama s'est muté en féroce extracteur pétrolier.

L'échec des écolos aura donc été cette incapacité à donner racine à la «révolution verte» afin qu'elle traverse crises et années, une issue qu'une seule chose aurait pu rendre possible: un prix sur les émissions carboniques.

C'est l'élément le plus important, car sans taxe progressive sur le carbone, il n'y a pas de changement économique d'importance, pas de concurrence entre énergies renouvelables et fossiles, pas de modification des modes de production et de consommation, et donc pas de diminution des gaz à effet de serre.

Certes, le Québec compte une taxe sur le carbone et un Marché du carbone naissant, mais cette victoire est pour l'instant symbolique. D'abord parce que la taxe est marginale, ensuite parce que la province est marginalisée. La fenêtre d'opportunité s'étant refermée, rien n'indique que cette initiative fera boule de neige.

Toutes sortes de raisons expliquent que les émissions n'ont toujours pas de prix en Amérique du Nord. Reste que cette situation est à l'origine de «l'impasse» dans laquelle les écolos se trouvent aujourd'hui, à la veille du Jour de la Terre.

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