Au-delà des scandales qui ont marqué la scène montréalaise en 2011, un enjeu se démarque par l'immense place qu'il a prise dans les médias et le quotidien des citadins: le transport.

Témoin du meilleur et du pire, 2011 aura été l'année des records: record de congestion, record d'affluence dans le transport en commun et record... d'impatience et de frustration des Montréalais!

Les trois sont interconnectés, évidemment. Mais ces phénomènes simultanés sont surtout le fruit de trois décisions passées.

Le tout à l'auto des années 1960, d'abord, qui a permis un développement tous azimuts du réseau routier et des couronnes. Le sous-financement des infrastructures de transport, ensuite, qui a débuté au milieu des années 70 et s'est étiré jusqu'à la fin des années 90.

Deux phénomènes qui ont résulté en une négligence dans l'entretien des routes (le mot de l'année: paralumes...), mais aussi dans le développement du transport collectif.

Les répercussions de cette insouciance historique sont aujourd'hui manifestes: sur les routes, où se multiplient les chantiers inopinés, les interventions d'urgence et les fermetures improvisées; sur le réseau de transport en commun, où le métro est bondé, le bus peine à suffire à la demande et les pépins techniques sont nombreux.

Mais ce qui explique les particularités de 2011, enfin, c'est le rattrapage auquel le gouvernement s'adonne depuis le tournant du millénaire, surtout depuis cinq ans. Un rattrapage nécessaire, mais tardif...

Voilà pourquoi les chantiers se multiplient à un rythme insoutenable. Pourquoi le réseau de transport en commun reprend de la vigueur sans pour autant répondre à la demande. Et pourquoi la colère des Montréalais atteint des sommets inégalés.

On peut certes se réjouir de la hausse de l'affluence du transport en commun. Elle a en effet crû, en un an, de 4,5% à Montréal (STM), de 16% dans les couronnes (CIT) et de 19% pour les trains de banlieue (AMT).

Plus saisissant, le nombre de déplacements effectués par la STM a bondi de 15 millions en un an, si bien qu'ils ont franchi ces derniers jours les 400 millions, un cap qui n'avait pas été atteint depuis... 1947!

Mais cette bonne nouvelle n'en est une qu'à moitié: la renaissance du transport en commun est bien réelle, mais l'offre ne suit tout simplement pas la demande. Et ce, au moment où les travaux routiers augmentent plus que jamais son attrait et son importance.

Cela est d'autant plus désolant que la saturation du réseau de transport collectif hypothèque les mesures visant à limiter la motorisation sur l'île. Elle rend difficile l'application de nécessaires plans de circulation, comme celui qu'a péniblement mis en place le maire Luc Ferrandez, et du plan d'aménagement métropolitain (PMAD), que la CMM a courageusement adopté cette année.

On se souviendra ainsi de 2011 comme d'une année charnière en transport, une année où la frustration n'aura eu d'égal que l'improvisation avec laquelle on a tenté d'y répondre.

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