Le directeur général de la Ville de Montréal, Louis Roquet, tire sa révérence, deux ans après son entrée en fonction, trois ans avant la fin de son mandat.

L'homme n'a évidemment pas eu le temps de faire le ménage pour lequel il avait été embauché. Mais il a certainement réussi, en quelques mois, à participer au désordre ambiant.

Louis Roquet est débarqué à l'hôtel de ville alors qu'il était sens dessus dessous. Dans les coins s'entassaient des malversations, des compteurs d'eau, des factures de services professionnels, des dépassements de coûts et des contrats douteux.

Balai en main, le directeur général s'est donc affairé à renforcer l'expertise interne, à resserrer les appels d'offres, à faire du ménage... qu'il a malheureusement défait de l'autre main.

On se souviendra en effet davantage des bourdes et erreurs de Louis Roquet que de ses bons coups tant ils ont mis, eux aussi, l'hôtel de ville à l'envers. Des erreurs qui ont débuté trois mois à peine après son entrée en fonction et dont les répercussions traînent encore aujourd'hui dans le paysage juridique.

Tout a débuté avec l'affaire Telus. Le vérificateur général, Jacques Bergeron, avait alors pondu un rapport accablant sur cette compagnie qu'il avait transmis confidentiellement, avant publication, à Louis Roquet. Ce dernier n'avait alors rien trouvé de mieux à faire que de l'envoyer à... Telus!

En soi, cela était problématique mais pas dramatique... jusqu'à ce que cette bourde se transforme en combat public entre le DG et le VG, puis en lutte sanglante menée contre ce dernier, une lutte que Louis Roquet n'a peut-être pas menée personnellement, mais qu'il est loin d'avoir empêchée....

L'erreur du directeur n'a donc pas été la fuite comme telle, mais bien la façon de gérer ses contrecoups.

Dans la foulée de la publication du rapport Telus, à partir de mars 2010 comme par hasard, l'administration s'est en effet permis d'espionner le VG pendant près d'un an et ce, sur la base d'une «dénonciation anonyme». Une filature menée par un employé relevant directement de Louis Roquet.

L'impression d'une vendetta politique s'est alors installée, puis cristallisée.

D'abord parce que la fronde de l'administration a été menée contre celui qui était devenu l'ennemi du DG, un homme qui n'est pourtant pas un subalterne de Louis Roquet puisqu'il relève du conseil municipal.

Ensuite parce que l'enquête était totalement démesurée par rapport aux faits reprochés, une enquête complexe et délicate, donc, qu'un homme aurait difficilement pu mener seul sans en parler à son patron.

Et enfin, parce qu'en réaction à toute cette histoire, le DG a commencé par s'enfermer dans un incompréhensible mutisme, pour ensuite refuser de se dissocier de cette méthode d'enquête disgracieuse (sans parler de sa garantie boiteuse qu'aucun élu n'avait été espionné).

Cela fait beaucoup de frasques pour un seul homme, en deux ans à peine. Surtout lorsque celui-ci a été nommé pour qu'il n'y en ait plus.

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