Les enfants ne bougent guère à l'école. Ils s'activent peu le matin et ont peu de temps le soir. Hormis les rares cours d'éducations physiques, il ne leur reste bien souvent qu'une unique plage horaire pour se secouer les puces, celle qui s'étire de la fin des classes au souper.

Les enfants ne bougent guère à l'école. Ils s'activent peu le matin et ont peu de temps le soir. Hormis les rares cours d'éducations physiques, il ne leur reste bien souvent qu'une unique plage horaire pour se secouer les puces, celle qui s'étire de la fin des classes au souper.

Or durant ces 180 minutes potentielles, révélait cette semaine l'organisme Jeunes en forme Canada, ils ne s'activent en moyenne que 14 petites minutes...

Désolant, mais peu surprenant. Qu'ils soient à la maison ou au service de garde, les enfants sont bien rarement incités à bouger, voire à s'adonner au jeu libre. On préfère les stimuler intellectuellement... ou les laisser se reposer devant la télé. C'est l'un ou l'autre, pourvu qu'ils demeurent bien en sécurité à l'intérieur.

Cela dit, si «l'apathie des parents» est le «principal» responsable de l'inactivité des enfants, comme le soutient Statistique Canada, faisons attention de ne pas rejeter l'ensemble du blâme sur leurs épaules. Plusieurs d'entre eux accordent en effet une grande importance à l'activité physique, mais doivent composer avec bien des obstacles sur lesquels ils n'ont que peu d'emprise.

Pensons aux séances de devoirs interminables imposées par le prof, à ces enfants qui entrent seuls à la maison parce que l'école finit trop tôt ou que l'employeur refuse de se faire accommodant, à ces adolescents réfractaires à tout mouvement ou à ces quartiers entièrement vides d'enfants. Bien difficile d'obliger son enfant à jouer seul à «kick la canne»...

On peut donc souhaiter que les parents poussent davantage leurs enfants dehors pour se délier les jambes, mais pour avoir un effet à la hauteur des problèmes d'obésité, d'embonpoint et d'agitation qui minent les plus jeunes, il faut d'abord et avant tout intervenir à l'école, là où se trouvent les infrastructures, mais aussi la majorité des enfants, qui demeurent davantage sur place après les classes qu'à une autre époque.

Et pourtant, selon le rapport de Jeunes en forme Canada, 72% des écoliers n'ont pas accès à des programmes supervisés qui encouragent l'activité physique après l'école. Les parascolaires actifs sont en effet bien rares, les gymnases sont trop souvent occupés et les services de garde, malheureusement, sont peu soucieux de faire bouger leur jeune clientèle...

Voilà pourquoi le Dr Jean-Pierre Després, expert mondial de l'obésité rattaché à l'Université Laval, a qualifié l'environnement scolaire de «toxique» il y a quelques années. «Il est totalement contraire à l'éthique de garder nos enfants prisonniers d'un mode de vie aussi sédentaire!» s'emportait-il lors d'une conférence.

Avec raison. Nos enfants souffrent de cette sédentarité imposée, comme s'en désoleront les participants du Congrès national sur l'obésité, ce week-end à Montréal. Les parents doivent certes se sentir interpellés, mais aussi les directions d'école et le ministère de l'Éducation, qui ont jusqu'ici failli à leur devoir de faire bouger les enfants.

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