Devrait-on interdire l'école aux enfants?

Devrait-on interdire l'école aux enfants?

Pour absurde qu'elle soit, la question se pose à la lumière de l'intolérance croissante des établissements scolaires face aux débordements des élèves, tout à fait normaux au demeurant.

Dernière en date, cette école de Waterloo qui interdit aux enfants de parler durant le repas du midi. Ce faisant, elle a transformé une des rares périodes de détente active de la journée en un pensum de plus... Avec musique de relaxation, S.V.P.

Mais ne nous acharnons pas sur cet établissement, qui ne fait qu'emboîter le pas aux autres écoles du Québec, où l'on tente de plus en plus d'accommoder les enseignants et les surveillants, quand ce ne sont leurs syndicats, aux dépens des enfants.

En témoigne par exemple la disparition graduelle des récréations au primaire. S'en tenant à une lecture stricte du régime pédagogique, qui impose «une période de détente le matin et l'après-midi», les directions n'hésitent plus à supprimer ce dernier bastion de l'activité physique libre...

«On constate que de plus en plus d'écoles éliminent la récréation de l'après-midi», notait l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, en 2006. Avec pour résultat qu'à peine la moitié des écoles primaires publiques de l'île n'offraient alors qu'une seule période extérieure par jour.

On justifie une telle décision par le temps que les élèves passent à s'habiller et se déshabiller ou encore, par les querelles observées dans la cour... qui de toute façon favorise la propagation du rhume, ajoute-t-on.

Comme la société dans laquelle elle évolue, l'école est devenue clairement intolérante face à tout ce qui retrousse, qui dépasse, qui déborde. Elle voudrait mettre chaque élève sous cloche que cela ne nous surprendrait même plus...

Prenons l'exemple de cette école de la Montérégie qui interdit aux élèves de se promener dans les escaliers avec leur sac à dos, afin d'éviter qu'ils s'accrochent et se fassent mal ! Ou encore, celle de l'Ouest-de-l'Île qui interdit aux enfants de se déguiser à l'Halloween, sous prétexte que dans le passé, «plusieurs enfants n'avaient pas de déguisement ou des déguisements moins élaborés que d'autres, ce qui leur créait quelques déceptions»!

Cela dit, cette «matantisation» de l'école, pour emprunter l'expression de Claude Mailloux, du département de psychoéducation de l'UQTR, ne serait qu'anecdotique si elle ne s'accompagnait pas de problèmes on ne peut plus réels, surtout chez les garçons.

Toutes les études confirment l'effet positif des moments de détente active et d'activité physique sur les muscles, le tour de taille, le cerveau, la concentration, l'attention et... le bulletin scolaire. Et à l'inverse, les chercheurs notent un lien direct entre la sédentarité scolaire et l'augmentation des troubles du comportement et de l'attention.

Car en tentant d'enfermer nos enfants dans le silence, la sédentarité et la précaution à outrance, on ne réduit pas l'agitation, on l'accroît.

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