Un départ brutal, sans accord avec l'Union européenne ? Ce serait le pire scénario possible pour le Brexit. Et à moins de 100 jours de la date butoir, le Royaume-Uni s'en rapproche dangereusement.

Même l'avionneur québécois Bombardier s'y prépare. Son usine de Belfast, en effet, est directement concernée, car les pièces qu'elle produit sont certifiées par l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA). Or, cette certification ne sera plus valide si le Royaume-Uni quitte l'Union européenne (UE) sans accord de retrait. Bombardier a donc dû demander une nouvelle certification à l'AESA, cette fois à titre de pays tiers. Et c'est loin d'être un cas isolé. Plus de 200 entreprises de l'aérospatiale en ont fait autant, signale le Guardian. Sans compter tous les arrangements qui doivent être pris dans une foule d'autres secteurs.

Le Brexit était déjà compliqué, mais sans entente-cadre avec l'UE, ça s'annonce cauchemardesque.

Et malheureusement, ce scénario devient de plus en plus plausible - même Londres l'a reconnu cette semaine. Deux milliards de livres sterling supplémentaires ont été allouées à la préparation des ministères et quelque 3500 soldats se tiendront prêts à intervenir, a annoncé le gouvernement. Plus tôt cette année, on avait demandé aux sociétés pharmaceutiques de stocker six semaines de médicaments supplémentaires. Des lettres ont été envoyées aux services alimentaires des hôpitaux pour qu'ils trouvent des solutions de rechange au cas où les denrées importées d'Europe viendraient à manquer. L'État prévoit également réserver de l'espace à bord des traversiers pour garantir l'approvisionnement en fournitures médicales.

Plusieurs entreprises ont aussi commencé à accumuler des pièces et des matières premières, afin de parer à d'éventuelles ruptures de stock. Le mois dernier, déjà, les entrepôts pour la réfrigération et la congélation étaient presque pleins.

N'est-ce pas un peu excessif ? Après tout, s'il y a une chose que le bogue de l'an 2000 nous a appris, c'est bien à nous méfier des scénarios catastrophes. De fait, il pourrait bien ne pas se produire grand-chose de spectaculaire après le 29 mars prochain. Mais il ne faut pas se leurrer : un Brexit sans accord aura, au minimum, des effets très négatifs sur l'économie.

Si le Royaume-Uni perd toute forme d'accès privilégié au marché européen, et doit se contenter des lignes tarifaires de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour le commerce des biens, sa production réelle à long terme sera de 5 à 8 % plus faible, prévoit le Fonds monétaire international.

Les incertitudes liées au Brexit se sont considérablement intensifiées et pèsent sur les marchés financiers du Royaume-Uni, a confirmé la Banque d'Angleterre hier.

Cette incertitude refroidit les ardeurs des entreprises, ce qui devrait réduire la croissance et les investissements prévus l'an prochain, a pour sa part indiqué le regroupement des chambres de commerce britanniques.

Le Brexit a toujours été une mauvaise idée, mais c'est l'idée qui a remporté près de 52 % des voix au référendum de 2016. Et bien qu'une partie de ces électeurs aient déchanté depuis, plusieurs y tiennent encore mordicus. Ceux-là devraient faire pression sur les parlementaires pour que ça se passe le moins mal possible, car pour l'instant, hélas, c'est le scénario du pire qui semble privilégié.

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