Adidas, Mars, Cadbury, HP, Deutsche Bank et plusieurs autres multinationales ont suspendu leurs campagnes publicitaires sur YouTube la semaine dernière pour protéger leurs marques des contenus à caractère pédophile. Encore une fois, la plateforme de publication de vidéos a annoncé une série de mesures pour nettoyer son environnement, mais ça ne justifie pas que de telles aberrations lui passent sous le nez.

Le scandale a éclaté la semaine précédente avec des révélations troublantes du réseau BBC et du Times de Londres.

Des vidéos qui semblent avoir été publiées en toute innocence par les enfants eux-mêmes, dans lesquelles on les voit se livrer à des activités banales comme se brosser les dents, faire le grand écart ou se blottir avec des peluches, ont vu leurs sections de commentaires envahies de remarques à caractère sexuel, montre l'enquête du Times. Des publicités de dizaines de marques continuaient néanmoins à accompagner ces vidéos, indique le quotidien londonien, captures d'écran de Michael Kors et de Deutsche Bank à l'appui.

Le système servant à dénoncer ce type de commentaires a connu des ratés durant plus d'un an, affirme pour sa part la BBC en citant des bénévoles anonymes.

YouTube, de son côté, a dit ne pas avoir de problèmes avec son mécanisme. La « vaste majorité » des rapports sont examinés en 24 heures, a indiqué l'entreprise. La BBC lui a signalé 28 commentaires illicites, dont certains demandaient même aux enfants de publier du contenu à caractère sexuel : après plusieurs semaines, 23 étaient toujours en ligne. Ils ont disparu 24 heures après que le réseau eut contacté l'entreprise, rapporte la BBC.

« Les commentaires de cette nature sont odieux », a déclaré YouTube sur son blogue en exposant son plan en cinq points. De nombreuses vidéos d'enfants sont maintenant interdits de commentaires. Les règles sur les contenus montrant des mineurs ont aussi été renforcées, entraînant la fermeture de plus de 50 chaînes et le retrait de milliers de vidéos.

YouTube n'en est pas à son premier problème de matériel inopportun pour les mineurs et les annonceurs.

En mars dernier, la BBC a signalé des cas de parents horrifiés d'avoir trouvé leurs jeunes enfants devant des dessins animés reprenant leurs personnages favoris dans des mises en scène violentes ou vulgaires. « De grandes marques financent le terrorisme », titrait le Times le même mois à propos des annonces d'AT&T, de Verizon et de Procter & Gamble associées à du matériel d'extrémistes religieux. De nombreuses entreprises s'étaient alors retirées de la plateforme, refusant que leurs dépenses publicitaires soient partagées avec de tels créateurs de contenus.

Avec plus de 400 heures de vidéos ajoutées sur le réseau chaque minute, on comprend que YouTube ne soit pas informée sur-le-champ de tous les contenus inopportuns qu'elle héberge. Il n'est cependant pas normal que des situations aussi graves aient le temps de prendre une telle ampleur avant que l'entreprise n'intervienne. 

Le fait que ses activités soient grandement automatisées explique une part importante du problème. Cette explication, toutefois, ne constitue en rien une excuse.

YouTube fabrique de l'espace publicitaire comme d'autres produisent de la saucisse, et on ne donnerait pas cher d'un charcutier industriel doté d'un si mauvais contrôle de qualité. 

L'entreprise doit prendre ses responsabilités et s'équiper de systèmes de prévention réellement efficaces au lieu de toujours réagir aux scandales, car son laxisme empoisonne l'espace public.

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